Sevrage tabagique : les traitements médicamenteux passés au crible d’une revue Cochrane
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Selon une revue Cochrane récente, les agonistes partiels des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine sont plus efficaces pour obtenir un sevrage tabagique complet qu’un placebo ou l’absence de traitement.
- La varénicline est plus efficace que la cytisine, que le bupropion ou qu’un traitement nicotinique de substitution en monothérapie pour obtenir un sevrage tabagique complet durant au moins 6 mois, mais probablement au prix de davantage d’effets indésirables graves. Comparée à un traitement nicotinique de substitution en association (patch + gomme), l’efficacité de la varénicline semble similaire.
- La cytisine semble un peu moins efficace que la varénicline, mais probablement aussi associée à moins d’effets indésirables graves. Ces résultats devront cependant être confirmés.
Pourquoi est-ce important ?
Les agonistes partiels des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine sont utilisés dans l’aide au sevrage tabagique. Ils modèrent la libération de dopamine, et donc le plaisir associé à la consommation de tabac et atténuent également les symptômes de sevrage. Une revue Cochrane vient de faire le point des données parues dans la littérature jusqu’en avril 2022. Il s’agit d’une mise à jour d’une précédente revue déjà parue en 2007.
Méthodologie
Cette revue systématique de la littérature a recherché tous les essais contrôlés randomisés ayant comparé l’efficacité d’agonistes partiels des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine (varénicline et cytisine), à un placebo, une autre molécule d’aide au sevrage tabagique, un traitement nicotinique de substitution (patch, gommes) ou à l’absence de traitement médicamenteux. Pour être retenus, ces essais devaient avoir réalisé un suivi des patients sur au moins 6 mois. Le critère principal d’évaluation était l’abstinence tabagique sur la plus longue durée de suivi et le calcul du risque relatif (RR) associé. Les effets indésirables graves nécessitant une hospitalisation étaient également rapportés.
Principaux résultats
Soixante-quinze essais représentant plus de 45.000 participants ont été inclus dans la revue, dont 45 nouveaux par rapport à la dernière revue Cochrane.
La cytisine est apparue plus efficace qu’un placebo pour l’obtention d’un sevrage tabagique complet après 6 mois avec un degré de certitude modéré : RR 1,30 [1,15-1,47] (4 études, 4.623 participants). Il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes concernant le nombre d’effets indésirables graves (EIg) rapportés.
La varénicline est, quant à elle, apparue plus efficace qu’un placebo ou qu’une absence de traitement avec un niveau de certitude élevé : RR 2,32 [2,15-2,51] (41 études, 17.395 participants). Mais les participants sous varénicline déclaraient aussi davantage d’effets indésirables graves que ceux qui n’en prenaient pas, même si ces événements restaient rares (RR 1,23 [1,01-1,48], niveau de certitude modéré). Ils rapportaient aussi plus d’EIg cardiaques (RR 1,20 [0,79-1,84]) et moins d’EIg neuropsychiatriques (RR 0,89 [0,61-1,29]) (faible niveau de certitude dans les 2 cas). Les EI les plus courants étaient des nausées d’intensité faible à modérée le plus souvent et qui s’estompaient avec le temps.
Lorsque la cytisine était comparée à la varénicline, elle obtenait de moins bons résultats en termes de nombre de personnes sevrées (RR 0,83 [0,66-1,05], 2 études, 2.131 participants), avec un degré de certitude modéré. Moins d’EIg étaient rapportés (RR 0,67 [0,44-1,03]), avec cependant un faible niveau de certitude.
Comparée au bupropion, la varénicline permettait plus souvent d’obtenir un sevrage tabagique complet (RR 1,36 [1,25-1,49], 9 études, 7.560 participants) avec un niveau de certitude élevé, sans différence significative concernant les effets indésirables graves rapportés. Une meilleure efficacité était également retrouvée lorsqu’elle était comparée à un traitement nicotinique de substitution en monothérapie (patchs par exemple) (RR 1,25 [1,14-1,37], 11 études, 7.572 participants), toujours avec un degré de certitude élevé. Dans cette même comparaison, les EIg semblaient moins fréquents mais avec un faible niveau de certitude. Comparée à un traitement nicotinique de substitution en association (patchs+gommes), les taux de sevrage sous varénicline étaient similaires (5 études, 2.334 participants).
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