Sept décès par syndrome coronaire aigu se produisent en dehors de l’hôpital

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La mortalité par cardiopathie ischémique a considérablement diminué en quelques décennies, mais elle reste élevée. Afin de l’améliorer, il est important de vérifier cette tendance et d’examiner si les décès surviennent à l’hôpital ou en extrahospitalier. C’est le but d’une étude ayant exploité les données des registres Monica, qui enregistrent de façon exhaustive l’ensemble des cas de syndrome coronaire aigu (SCA), fatal ou non, survenant chez les personnes âgées de 35 à 74 ans et résidant dans l’une des trois aires géographiques des registres de Lille, Strasbourg et Toulouse. Les chercheurs ont examiné les décès par SCA survenus entre le 1er janvier 2004 et le 31 décembre 2018.

Poursuite de la baisse des taux de décès

Durant cette période, 17.487 décès ont été enregistrés. Dans l’ensemble, les taux de mortalité standardisés sur l’âge ont diminué d’environ 40% au cours de la période, passant de 150,1 à 96,4 pour 100 000 habitants chez les hommes et de 52,6 à 32,2 pour 100 000 habitants chez les femmes. Plus des trois quarts des décès extrahospitaliers se produisaient chez des sujets sans antécédents de cardiopathie ischémique (76,0% vs 48,2% pour les décès intrahospitaliers, p<0,001).

Globalement, la contribution de la mortalité extrahospitalière à la mortalité globale par SCA a augmenté de 2004 à 2010, de 68,9% à 72,0%, puis s’est stabilisée autour de 70%. La baisse de la mortalité était similaire en extrahospitalier et en intrahospitalier (pourcentages de variation annuelle – PVA – respectivement de -3,4% et -3,9%, p=0,21).

La mortalité intrahospitalière diminuait plus rapidement que la mortalité extrahospitalière à Lille et Strasbourg (PVA -3,9% et -2,6% à Lille, p=0,05 ; -3,9% et -2,4% à Strasbourg, p=0,03). C’était l’inverse à Toulouse : la mortalité extrahospitalière diminuait plus rapidement que la mortalité intrahospitalière (PVA -5,5% vs -3,5%, p=0,046). Cependant, la proportion relative de la mortalité extrahospitalière était initialement plus élevée à Toulouse, aux alentours de 75% en 2004, contre 65% dans les deux autres régions. Cela tient sans doute à la difficulté d’accès des secours dans des zones montagneuses au sud du département. Elle semble avoir été résolue puisque à la fin de la période d’étude, la contribution de la mortalité extrahospitalière du registre de Toulouse était identique à celle des trois autres registres (autour de 70%).

L’heure qui suit les premiers symptômes est cruciale

Près de neuf décès extrahospitaliers sur dix sont survenus au domicile des patients ou dans un service hospitalier de long séjour (considéré comme extrahospitalier dans l’étude), très peu sur leur lieu de travail, dans les lieux publics ou dans l’ambulance, et majoritairement dans l’heure qui a suivi les premiers symptômes. La conclusion est claire : « la capacité des témoins, et plus généralement du public, à réaliser les gestes de premiers secours est primordiale. »

En intrahospitalier, les taux de mortalité ont diminué de façon significativement moins marquée dans les services de réanimation, Usic (Unités de soins intensifs cardiologiques) et cardiologie comparativement aux autres services. D’une manière générale, la contribution de ces services à la mortalité intrahospitalière globale a augmenté : au lieu de décéder dans des services non adaptés, les patients sont désormais pris en charge dans les unités permettant de délivrer les soins appropriés. Ceux qui ne meurent pas dans ces unités sont en général plus âgés, avec une évolution souvent très rapide empêchant leur transfert.

Éduquer le public

Les auteurs de l’étude y relèvent deux principales limites. 

D’une part, en sont exclus les patients de plus de 75 ans. Mais ils remarquent que les mesures de prévention sont optimales dans une population plus jeune, correspondant à celle de l’étude, dont un des objectifs était précisément de repérer les conditions d’une prévention efficace. Elles consistent principalement à mieux cibler les populations à risque (en particulier chez les jeunes) et à mieux informer le public. 

D’autre part, il est possible que certaines causes de décès avancées dans les registres soient erronées, notamment en extrahospitalier. Mais il est avéré que la majorité des arrêts cardiaques extrahospitaliers ont pour origine une cardiopathie ischémique, en particulier chez les plus jeunes. Ce qui renforce la nécessité d’une information du public.