SEP : efficacité comparée de la greffe de cellules souches et des traitements modificateurs de la maladie

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude utilisant les données de registres internationaux a simulé des comparaisons deux à deux de la greffe de cellules souches hématopoïétiques autologues (GCSHA) à différents traitements modificateurs de la maladie (TMM), chez des patients atteints de sclérose en plaques récurrente-rémittente (SEP-RR) très active.
  • Sur une période d’observation de 5 ans, la GCSHA s’est montrée supérieure au fingolimod pour prévenir les poussées et améliorer les chances de réduire le handicap, avec un très faible risque de mortalité.
  • Elle s’est également montrée très légèrement supérieure au natalizumab, mais aucune différence significative n’a pu être mise en évidence par rapport à l’ocrélizumab sur une période limitée à 3 ans.

Pourquoi est-ce important ?

La greffe de cellules souches hématopoïétiques est un traitement utilisé dans les formes agressives de SEP répondant mal aux TMM actuellement disponibles. Elle consiste à détruire le système immunitaire dysfonctionnel de façon à supprimer l’inflammation du système nerveux central, puis à le reconstruire grâce à la greffe. Les premières données montrent des résultats encourageants en termes de taux de poussées. Cependant ce traitement n’est pas sans risque, même si la mortalité tend à diminuer avec le temps. Peu d’études ayant comparé son efficacité par rapport à d’autres TMM dans la SEP-RR jusqu’ici, il était intéressant de disposer d’une mise en regard, même indirecte.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée à partir des bases de données de six cohortes de patients ayant reçu une GCSHA au Canada, en Suède, au Royaume Uni, et en Australie, ainsi que des données de registres de 94 centres spécialisés dans 27 pays, sur une période allant de 2006 à 2021. Elle a inclus des patients atteints de SEP-RR traités par GCSHA, fingolimod (TMM d’efficacité modérée), natalizumab, et ocrélizumab (TMM de haute efficacité) pour lesquels on disposait d’au moins 2 années de suivi et de 2 points d’évaluation du handicap. Puis, elle a simulé des comparaisons de traitement deux à deux. Les patients des différents groupes de comparaison étaient appariés selon un score de propension à partir de leurs caractéristiques cliniques et démographiques à l’inclusion. L’efficacité de la GCSH a ainsi été comparée successivement au fingolimod (0,5 mg/j per os), au natalizumab (300 µg IV toutes les 4 semaines), et à l’ocrélizumab (600 mg IV tous les 6 mois) en termes de taux annualisé de poussées (critère principal), de nouvelles poussées et de proportion de patients présentant une aggravation ou au contraire une amélioration de leur score EDSSconfirmées à 6 mois(Expanded Disability Status Scale) (critères secondaires).

Principaux résultats

Sur les 4.915 sujets inclus dans l’étude, 167 (3,4%) avaient bénéficié d’une GCSHA, 2.558 (52%) avaient été traités par fingolimod, 1.490 (30,3%) par natalizumab et 700 (14,2%) par ocrélizumab.

Dans ces différents groupes, l’âge moyen des participants allait de 35,3 à 37,1 ans, la proportion de femmes de 65% à 70% et la durée de la maladie de 7,9 à 8,7 ans. Les scores EDSS dans l’année précédant l’inclusion variaient de 3,5 à 3,9 et la fréquence annuelle des poussées de 0,77 à 0,86.

Par comparaison au fingolimod, la GCSHA était associée à un taux annualisé de poussées inférieur (0,09 [déviation standard 0,30] vs 0,20 [0,44], p<0,001), avec un risque cumulé de poussée sur 5 ans (Hazard Ratio ou HR) de 0,26 [0,18-0,36]. Elle était également associée à un risque similaire d’aggravation du score EDSS (HR 1,70 [0,91-3,17]) et à une plus grande probabilité d’amélioration de ce score (HR 2,70 [1,71-4,26]) sur 5 ans.

Par comparaison au natalizumab, le taux annualisé de poussées n’était amélioré que de façon marginale : 0,08 [0,31] vs 0,10 [0,34], p=0,03, avec un HR de 0,51 [0,34-0,74]. Mais ce résultat apparaissait intéressant en raison de la probabilité élevée de réduction du handicap sous ce TMM. Il n’y avait pas de différence significative concernant le risque d’aggravation du score EDSS. En revanche, les chances d’amélioration de ce score sur 5 ans étaient supérieures (HR 2,68 [1,72-4,18].

Le suivi du groupe traité par ocrélizumab portait sur une durée allant jusqu’à trois ans. Et sur cette durée, le risque de poussée semblait similaire à celui observé dans le groupe GCSHA, de même que les risques d’aggravation ou d’amélioration du score EDSS.

Le profil de sécurité observé pour la GCSHA a confirmé celui déjà observé dans de précédentes cohortes, avec un nombre important de neutropénies fébriles et 9% des patients ayant nécessité une admission en soins intensifs. Un seul décès (0,6%) a été rapporté après conditionnement pré-greffe au busulfan.