Sensibilité du test immunologique fécal et risque de cancer colorectal d’intervalle

  • Résumé d’article
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À retenir

  • Le test immunologique fécal (TIF) tel qu’il est pratiqué aujourd’hui présente une très bonne sensibilité pour détecter les cancers colorectaux (CCR).
  • Celle-ci semble meilleure pour les hommes que pour les femmes, ainsi que pour les stades précoces et les formes distales.
  • Les délais entre le TIF et le diagnostic sont fortement allongés en cas de diagnostic de cancer d’intervalle.
  • L’abaissement du seuil de positivité actuel de 30 à 17 μg/g pourrait conduire à 45% d’augmentation du nombre de coloscopies et à 14 diagnostics de CCR supplémentaires pour 1.000 coloscopies.

Pourquoi est-ce important ?

La détermination de l’incidence des CCR d’intervalle diagnostiqués après un TIF négatif et dans l’intervalle des 2 ans avant le dépistage organisé suivant est en soi un critère de qualité du test de dépistage. À ce jour, il existe peu de données rétrospectives permettant d’évaluer les performances du TIF. 

Méthodologie

Cette étude populationnelle rétrospective a évalué les performances du TIF en termes de détection du CCR lors de la campagne de dépistage réalisée entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2017 dans le Finistère. Les données analysées provenaient du croisement de celles du registre de tumeurs digestives et du centre régional de coordination du dépistage. Les patients ayant bénéficié d’un diagnostic de CCR au cours de cette période ont été inclus dans l’étude et classés en fonction des circonstances du diagnostic de CCR : diagnostic porté lors du dépistage organisé tous les 2 ans dans une population jugée à risque moyen de CCR, diagnostic après un TIF négatif, diagnostic après une coloscopie négative, population n’ayant pas répondue, population exclue car inéligible (haut ou très haut niveau de risque de CCR).

Principaux résultats

Au global, au cours des 2 années de dépistage, 909 CCR ont été diagnostiqués, dont 248 cas détectés lors des dépistages organisés (6% des TIF positifs), 60 en CCR d’intervalle (soit 0,07% des TIF négatifs), 242 ont été diagnostiqués parmi les individus exclus du dépistage organisé et 343 parmi les non-répondeurs.

Le taux de positivité au TIF était de 4,3%. La sensibilité de ce test diagnostic était de 80,5%. Cette sensibilité était un peu supérieure chez les hommes (83,7%) que chez les femmes (76,2%). En revanche, elle ne variait pas avec l’âge.

La sensibilité du test était plus importante pour les cancers de stade précoce que tardif : 89,6% pour un stade I à 68,3% pour un stade IV. La sensibilité du test était également plus importante pour les CCR de localisation distale (94,2%) que proximale (71,1%) ou rectale (68,2%).

Le taux de CCR détecté après coloscopie était de 4,6%, et après un TIF positif, 3,5 CCR sur 1.000 coloscopies n’étaient pas diagnostiqués.

Le délai médian entre le résultat du TIF et le diagnostic histologique de CCR était de 70 jours dans le cadre du dépistage organisé contre 378 dans le cadre d’un TIF d’intervalle (post-test négatif) et de 898 jours après coloscopie. Les tumeurs identifiées lors du dépistage organisé étaient plus souvent de stade I (51%) que de stade III ou IV (30%). En revanche, lorsqu’un TIF d’intervalle était réalisé, ou chez les non-répondeurs et les sujets exclus, les tumeurs de stades III et IV correspondaient à 56% et 57% et 47% des tumeurs respectivement. En analyse multivariée, un diagnostic de CCR d’intervalle était plus souvent associé à une localisation proximale (OR 6,73) ou rectale (OR 7,52). Mais, ni le sexe, ni l’âge n’ont été associés à un risque majoré de cancer d’intervalle post-TIF négatif. Le seuil de positivité du TIF maximisant la sensibilité (87,1%) et la spécificité (92,8%) était de 17 μg/g. Il permettrait d’identifier 14 CCR supplémentaires et requérait 1.647 coloscopies additionnelles par rapport au seuil actuellement utilisé de 30 μg/g.