Schizophrénie : les patients âgés restés en ambulatoire sont-ils comparables à ceux en institution ?

  • Lavaud P & al.
  • Psychiatry Res

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon les données de la cohorte multicentrique CSA (Cohorte schizophrènes Agés), les patients institutionnalisés n’ont ni le même profil sociodémographique, ni le même profil clinique que ceux pris en charge en ambulatoire : 

  • en effet, ils sont plus souvent urbains, sans enfant et plus âgés que les autres, et ont par ailleurs un risque de dépression, d’altération du fonctionnement cognitif ou global et d'hospitalisations en psychiatrie plus élevé, tout en ayant moins souvent recours aux consultations avec leur médecin généraliste. 

  • Malgré ses limites, cette étude suggère une spécificité de la population âgée schizophrène institutionnalisée et invite à une évaluation clinique et une prise en charge précoces des vulnérabilités identifiées.

 

Pourquoi est-ce important?

Le vieillissement des patients schizophrènes peut être compliqué, mais peu d’études se sont intéressées à ses spécificités selon leur lieu de vie et de prise en charge. Elles sont pour la plupart limitées par l’effectif recruté ou par le caractère monocentrique de ces études. Or, afin d’ajuster l’offre de soins qui leur est destinée, il est indispensable d’en connaître le profil exact. Aussi, les investigateurs de l’Étude CSA ont comparé leurs données selon les modalités de soins : ambulatoire ou institutionnalisation.

 

Méthodologie

L’étude du groupe de travail CSA a été initialement menée entre 2010 et 2013 auprès de 63 centres de psychiatrie français et visait à évaluer les modalités de vieillissement de cette population âgée. Au total, elle avait recruté 353 sujets âgés de plus de 55 ans atteints de schizophrénie (82.4%) ou de trouble schizoaffectif (17.6%).

Principaux résultats

Ainsi, 35,1% de la cohorte étaient institutionnalisés. Par rapport à ceux qui étaient traités en ambulatoire, ils étaient globalement plus âgés (68,5 ans vs 66,5 ans) et étaient plus souvent urbains (82,9% vs 73,3%) et sans enfant (69,4% vs 54,1%).

Les patients en institution avaient un score total moyen de qualité de vie plus faible que les autres. Ils avaient aussi plus souvent des symptômes productifs de schizophrénie et étaient plus souvent dépressifs (47,6% vs 30,1%). Ils avaient un fonctionnement social et cognitif amoindri, avec des scores MMSE (Mental-State Examination Global) et GAF (Assessment of Functioning) plus faibles que ceux des patients ambulatoires. Enfin, le risque d’avoir été hospitalisé pour motif psychiatrique au cours de la vie était plus élevé (36,3% vs 25,8%).

Sur le plan thérapeutique, ils étaient plus souvent traités par des antipsychotiques, même si le recours aux formes injectables à longue durée d’action était moins fréquent. Enfin, il faut noter que les patients institutionnalisés n’avaient été que 71% à consulter leur médecin généraliste au cours de l’année écoulée, contre 86% dans l’autre groupe.

Selon l’analyse multivariée, sept facteurs ont été associés à l’institutionnalisation : l’âge, la vie en milieu urbain, des scores MMSE ou GAF faibles, un nombre plus élevé d’hospitalisations en psychiatrie au cours de la vie, l’existence d’une dépression et le moindre recours au médecin généraliste.