Scanvir : un programme de terrain innovant pour éradiquer le VHC
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
A retenir
- Scanvir est un programme innovant et pluridisciplinaire de dépistage et de traitement de l'hépatite C chronique destiné aux toxicomanes et organisé lors de journées dédiées dans des structures de terrain, en lien avec les associations de patients du territoire.
- Cette étude décrit le succès de cette approche de proximité et de simplification des parcours avec la mobilisation hors les murs des professionnels hospitaliers et matériels. Le dépistage de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC) via l’ARN-VHC était réalisé sur place et permettait notamment la prescription immédiate d’antiviraux d’action directe (AAD).
- La difficulté principale concerne le maintien de la réponse virologique soutenue (RVS) une fois obtenue : participer à des sessions répétées aidait à la prise de conscience et des changements de comportement protecteurs durables chez les patients.
Pourquoi est-ce important ?
La France s'est fixée pour objectif l’élimination du VHC d'ici 2025. Mais on estime que 100.000 patients étaient encore infectés en 2019. Pour atteindre cet objectif, des politiques de dépistage efficaces et innovantes sont nécessaires pour favoriser l'accès au traitement, notamment auprès des patients les plus éloignés du soins, comme les utilisateurs de drogues injectables (UDI). Aussi, Scanvir a été imaginé et bâti pour tester et traiter ces patients dans leur propre environnement.
Le succès de Scanvir est dû à des journées de dépistage dédiées, à une équipe multidisciplinaire, à des technologies de dépistage innovantes et à des traitements pangénotypiques. La stratégie propose également un dépistage des maladies chroniques du foie associées, telles que l'alcoolisme, le virus de l’hépatite B (VHB), la toxicité hépatique des médicaments psychotropes et la stéato-hépatite non alcoolique.
Scanvir a depuis son initiation été transposé dans d’autres régions françaises, avec une stratégie adaptée aux contraintes locales, ainsi que dans des structures pénitentiaires. Il le sera prochainement dans d'autres structures comme celles visant l'accueil des personnes migrantes ou prostituées. Il a fait l’objet d’un reportage de la BBC.
Méthodologie
Cette étude prospective a été conduite dans les centres de soins en addictologie (CSAPA) de quatre départements (Haute-Vienne, Corrèze, Creuse et Dordogne) dans lesquels le programme a été proposé. Une moyenne de 4 journées de dépistage par centre et par an a été menée entre mai 2017 et mars 2021 (sauf entre mars et septembre 2020).
Le programme a impliqué différents professionnels (hépatologues/infectiologues, addictologues, infirmières...), des pairs aidants issus d’associations de patients et le réseau transversal multidisciplinaire Addictlim (psychiatres/addictologues, médecins généralistes, pharmaciens et travailleurs sociaux). Les actions de dépistage étaient annoncées : sur un site web dédié, les réseaux sociaux, des affiches et flyers dans les cabinets de médecine générale, pharmacies, associations… Dans certains territoires, des moyens de transport étaient mis à disposition pour que les sujets souhaitant participer se rendent sur place.
Toute personne majeure anciennement ou actuellement UDI souhaitant participer se voyait accueillir pour un entretien individuel convivial et non jugeant. Au cours de cette rencontre, elle se voyait proposer des tests rapides de dépistage (TROD) des trois pathologies virales (VHB, VHC, VIH) mais elle était la seule décisionnaire. Une mesure de la rigidité hépatique par FibroScan était aussi réalisée. Les TROD VHC positifs étaient secondés d’une PCR VHC rapide. Ceux qui avaient un diagnostic positif ou un test hépatique préoccupant se voyaient proposer des consultations spécialisées, des tests complémentaires, une prise en charge de leur addiction et un accompagnement à la prévention.
Principaux résultats
L’étude a permis d’inclure 392 patients UDI ayant participé à 67 séances de Scanvir. Parmi eux, 72% étaient des hommes et l'âge moyen était de 45 ans. Ils étaient 14% à s'injecter régulièrement des drogues et 57,2% sniffaient de la cocaïne. Parmi eux, 35,2% avaient suivi un traitement de substitution aux opiacés (TSO). Ils étaient aussi 66,4% à avoir une consommation excessive d'alcool, 46,3% à être consommateurs de cannabis et 78,6% de tabac.
La réalisation du FibroScan a été acceptée par 99,5% des patients et celle des TROD pour le VHC, le VHB ou le VIH par 62,3%, 60,5% et 63,6% des patients respectivement. Les taux de positivité étaient respectivement de 17,1%, 2% et 0,9%.
Parmi les 392 patients, le taux de positivité de l'anticorps anti-VHC était de 31,6% et de 45,3% parmi les UDI actifs. Le taux de patients ayant un ARN-VHC détectable était de 20,9%.
Le traitement anti-VHC a été initié par 79,3% des 82 patients virémiques. Ils ont été 38 à obtenir une réponse virologique soutenue (RVS), 27 étant toujours sous traitement. Aucune rechute ou non-réponse n’a été recensée. La plupart des patients non traités étaient des sans-abri et des migrants illégaux.
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