Santé mentale, consommations et recours aux soins des étudiants en médecine : hommes et femmes se distinguent
- Fond G & al.
- J Affect Disord
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Les données recueillies auprès de 10.985 étudiants en médecine français montrent que les femmes sont plus souvent suivies par un psychologue ou un psychiatre que les hommes, et sont plus souvent traitées par antidépresseurs ou anxiolytiques. Les hommes, de leur côté, consomment plus souvent de l’alcool, du tabac, du cannabis et d’autres substances illicites.
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La plus large prise en charge de la souffrance psychique et des troubles psychiatriques par les femmes peut résulter de leur perception plus fréquente de ces symptômes et de leur plus large propension à vouloir être accompagnées. La consommation élevée d’alcool et de psychotropes des hommes pourrait être mise en regard de ce constat. Ces derniers déclarent d’ailleurs consommer plus fréquemment des drogues illicites pour le plaisir et la recherche de la nouveauté, mais aussi pour leur effet anxiolytique, sédatif et stimulant, ainsi qu’avant les examens.
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Cette étude a l’avantage d’avoir regroupé un large panel d’étudiants et d’avoir été conduite de façon anonymisée, permettant d’obtenir des déclarations plus fiables.
Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?
Il est connu que les étudiants en médecine souffrent d’un des taux les plus forts d’anxiété, de dépression et de souffrance psychique parmi la population étudiante. La prévention du burn-out parmi la population médicale nécessite d’en connaître les spécificités et d’agir le plus précocement possible. Il est donc important d’évaluer si des différences existent entre hommes et femmes, d’autant qu’il est déjà décrit que chacun présente une vulnérabilité et des stratégies d’adaptation différentes.
Méthodologie
L’enquête a été diffusée dans 35 facultés de médecine entre décembre 2016 et mai 2017. Les questionnaires étaient anonymes. Ils portaient sur les données sociodémographiques, la qualité de vie (SF12-v2), les consommations (score AUDIT pour l’alcool, score CAST pour le cannabis, le tabagisme, les autres produits…), la santé mentale (suivi médical, traitements…).
Principaux résultats
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Au total, 10.985 étudiants en médecine de premier et deuxième cycles ont été inclus (âge moyen 21,8 ans, dont 87,8% de femmes). Parmi eux, 60,4% étaient issus des deux premières années d’étude et 16,6% étaient internes. De plus, 50,5% étaient en couple et 1,9% avaient des enfants.
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Au total, la cohorte était composée de 9.640 femmes et 1.345 hommes. Les femmes présentaient des scores de qualité de vie physique et mentale inférieurs à ceux des hommes. Elles avaient été victimes d'agressions sexuelles ou de violences conjugales de 4,1 [2,5-6,9] et 1,6 fois plus souvent que les hommes, qui avaient, eux, été plus souvent exposés à des agressions physiques (ORa : 0,4 [0,4-0,5] femmes versus hommes) au cours de leurs études médicales.
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Les femmes fumaient moins fréquemment du tabac (ORa : 0,8 [0,7-0,9], p <0,0001), de cannabis (ORa : 0,3 [0,3-0,4], p <0,0001) et d'alcool que les hommes (ORa : 0,7 [0,6-0,7], p <0,0001).
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À l’inverse, les hommes consommaient plus fréquemment de l'ecstasy, de la cocaïne, des champignons, des amphétamines, du LSD, de la codéine et de la kétamine.
- Les principaux motifs rapportés par les hommes étaient la fête, le plaisir et la nouveauté, mais ils rapportaient aussi une consommation à visée anxiolytique, sédative, stimulante ou pour soulager le stress avant les examens.
- Les femmes étaient plus souvent suivies par un psychiatre ou un psychologue (ORa : 2,0 [1,7-2,3], p <0,0001). Elles étaient plus souvent traitées par anxiolytiques (ORa : 1,6 [1,3-1,9], p <0,0001) ou antidépresseurs (ORa : 1,4 [1,1-1,9], p = 0,01).
Principales limitations
Étude transversale et réponses auto-déclarées.
Financement
L'étude a été financée par l'AP-HM.
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