Santé : le Président entre contraintes et volonté d’ouverture
- Serge Cannasse
- Editorial
Pour ce qui concerne le système de santé, le programme du Président de la République nouvellement élu semble en continuité avec son mandat précédent. Il ajoute quelques promesses supplémentaires qui seront les bienvenues si elles sont tenues : revalorisation de l’acte en médecine libérale et des salaires en établissements de santé, suppression progressive de la tarification à l’activité à l’hôpital, consultations de prévention à 25, 45 et 60 ans, etc.
À quelques inflexions près, ce projet n’est pas fondamentalement différent de ceux de ses prédécesseurs, quelle que soit leur couleur politique. Comme eux, il était et reste soumis à la difficulté de naviguer entre la contrainte financière, supposée ou réelle, qui impose de calculer les coûts au plus juste, et les impératifs de santé publique, bien connus, qui réclament pour une bonne part une augmentation des dépenses. L’actualité récente sur les cabinets de conseil a également mis en exergue l’opposition fréquente entre des décisions inspirées de préconisations technocratiques, voire idéologiques (une certaine idée du privé comme modèle à suivre), et la réalité quotidienne des soignants et des autres acteurs de santé. Il faut y ajouter les débats éventuels sur la place de l’industrie pharmaceutique, sur les nouvelles technologies numériques de santé, sur la lutte contre les inégalités de santé, etc.
Tout cela peut expliquer que le programme présidentiel reste vague : il est difficile de donner un cap quand on navigue à vue. Cependant, à suivre les déclarations du candidat Macron, ce projet devrait se préciser au fur et à mesure de l’avancée du « nouveau grand débat permanent », « reposant sur une méthode associant davantage nos compatriotes dans la durée, y compris le lendemain de l’élection, en leur donnant une place comme véritables acteurs. » Cette méthode serait celle des « conventions citoyennes. » Les mauvaises langues ont fait remarquer que les initiatives précédentes en ce sens (sur le climat, les banlieues ou autres) n’ont pas été suivies d’un grand effet. Certaines ajoutent que l’épidémie de Covid-19 aurait pu être l’occasion de s’emparer des initiatives qui ont marché. Mais après tout, le nouveau président semblant reconnaître les erreurs de l’ancien, il convient d’attendre avant d’applaudir ou de condamner, tout en lui accordant qu’effectivement, il arrive un moment où il faut de toute façon « trancher », ce qui est le rôle de l’exécutif.
Reste qu’une fois tout ceci dit, il y a encore deux problèmes à régler. Le premier, récurrent en France, est celui de l’évaluation des politiques de santé, sans laquelle aucun débat sérieux ne peut avoir lieu. Elle a commencé, timidement, mais il faudra bien s’y atteler un jour. Le second est beaucoup plus conjoncturel mais peut-être décisif : de quelle Assemblée parlementaire disposera le Président pour faire avancer son projet ? La partie est loin d’être jouée
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