Les papillomavirus sont responsables de verrues cutanées communes ou plantaires, chez l’enfant comme chez l’adulte. Schématiquement, la cryothérapie et l’acide monocholoroacétique (AMC) sont les traitements les plus efficaces sur les lésions communes, alors que l’AMC est le plus efficace en cas de lésions plantaires. Quoiqu’il en soit, 50% des personnes traitées guérissent véritablement après traitement. Or, différents travaux ont montré que la nature du génotype pourrait influencer la présentation clinique de la verrue tout comme la réponse clinique au traitement. Aussi, disposer de moyens de prédire le génotype à partir des caractéristiques de la lésion pourrait aider le praticien à choisir le traitement le plus pertinent. Pour cela, des chercheurs néerlandais ont développé un outil d’évaluation des caractéristiques phénotypiques des verrues, baptisé CWARTS, afin d’évaluer s’il était possible de prédire le génotype et la réponse au traitement.
Méthodologie
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Cette publication concerne l’analyse secondaire rétrospective d’une partie de la population de l’étude WARTS-2, une étude randomisée multicentrique ayant comparé l’efficacité de l’AMC (toutes les 2 semaines sous pansement occlusif jusqu’à guérison) à celle de la cryothérapie (séances toutes les 2 semaines) sur les verrues communes ou à l’association cryothérapie -acide salicylique en cas de verrues plantaires.
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L’outil validé CWARTS permettant d’évaluer les caractéristiques des verrues était utilisé dans le cadre de cette étude. Il était basé sur le nombre de verrues, leur relief, leur aspect, leur bordure, leur couleur, la présence de squames, la présence de points noirâtres en surface (capillaires thrombosés), l’épaississement de la peau et l’érythème en bordure associé.
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Les verrues étaient qualifiées selon l’outil CWARTS à partir de photographies et le génotype de l’HPV impliqué était parallèlement caractérisé à partir d’un prélèvement.
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Une réponse dans les 13 premières semaines était considérée comme favorable.
Résultats
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L’étude avait été conduite chez 415 sujets de plus de 4 ans immunocompétents. La présente analyse a été conduite chez 159 sujets (soit 311 verrues) pour lesquels l’ensemble des données et des évaluations étaient disponibles.
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Le groupe des patients à verrues plantaires (n=83) comportait plus de femmes et était globalement plus jeune que celui ayant des verrues communes.
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La plupart des verrues plantaires étaient uniques, en relief, et elles étaient plus souvent irrégulières ou associées à des squames, une thrombose capillaire ou à des callosités que les verrues communes.
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Concernant le génotypage, 34 des 311 verrues n’ont pas été associées à la présence d’un HPV. Parallèlement, HPV2 était identifié chez 18,2% des patients (47 verrues), notamment ceux présentant des verrues communes et ceux de 12 ans ou plus. HPV27 et HPV57 étaient identifiés chez 29,6 et 18,2% des patients (96 et 52 verrues), surtout âgés de 12 ans ou plus, ou souffrant de verrues implantées depuis longtemps. HPV27 était aussi retrouvé majoritairement chez ceux ayant des verrues plantaires. Enfin, HPV1 était retrouvé chez 28,3% des patients (62 verrues), dans des verrues récentes et chez les moins de 12 ans respectivement. Enfin, 46 verrues étaient associées à d’autres génotypes.
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Des différences significatives ont été identifiées entre les caractéristiques morphologiques et le génotype : la présence de capillaires thrombosés était fortement associée à la présence d’HPV et, dans une moindre mesure à une peau calleuse.
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Concernant les facteurs prédictifs de réponse au traitement, les verrues communes sans bord érythémateux et sans peau calleuse associée étaient les plus sensibles à l’action de la cryothérapie. Le génotype ne constituait pas un facteur prédictif de réponse des verrues communes à la cryothérapie seule. Par ailleurs, cette dernière semblait moins efficace lorsque la verrue était profonde ou calleuse.
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Le génotype était le plus fort facteur prédictif de réponse favorable au traitement par acide monochloroacétique ou par cryothérapie associée à l'acide salicylique.
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Les verrues plantaires à HPV2 ou HPV27 répondaient moins bien au traitement par ACM ou par combinaison cryothérapie-acide salicylique que celles liées à d’autres génotypes.
Limites
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Tous les patients de l’étude initiale n’ont pu être inclus dans cette analyse secondaire, ce qui a réduit la puissance statistique des résultats.
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Un même patient pouvait être porteur de verrues liées à différents génotypes.
À retenir
Cette étude distingue pour la première fois les spécificités morphologiques liées aux différents génotypes d’HPV ainsi que des facteurs prédictifs de réponse au traitement selon la nature des verrues, plantaires ou communes. La présence de points noirâtres sur les verrues peut par exemple constituer un argument pour privilégier un traitement par ACM ou par combinaison cryothérapie-acide salicylique. L’utilisation de l’outil CWARTS permet aussi de pouvoir classifier les lésions cutanées, pré-requis pour les études comparatives d’efficacité thérapeutique.
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