Rougeole : stratégie de gestion en cas d’épidémie

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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A retenir :

  • En France, depuis le 1er janvier, plus de 2070 cas de rougeole ont été déclarés
  • Il est primordial de maintenir la surveillance par le signalement et le remplissage de la fiche de déclaration obligatoire des cas de rougeole
  • Le diagnostic biologique est à prioriser dans certains contextes, notamment en présence de facteurs de gravité
  • En situation de cas groupés ou dans une région épidémique, la vaccination post-exposition est proposée sans attendre la confirmation biologique des cas
  • L’ARS doit coordonner des actions d’information et de communication auprès du public

La rougeole continue de progresser en France : entre le 1er janvier et le 4 mai 2018, plus de 2070 cas ont été déclarés, sachant que 21% d’entre eux ont été hospitalisés. L’ascension rapide du nombre de cas fait craindre une nouvelle épidémie d’ampleur importante, comme en 2010-2012. La propagation de la rougeole est liée à sa forte contagiosité et à une couverture vaccinale insuffisante : 87% des cas surviennent chez des sujets non ou mal vaccinés.

Face à cette situation, le HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique) a émis, le 23 avril dernier, un « avis relatif à l’évolution de la stratégie de gestion en cas d’épidémie de rougeole importante sur le territoire national ».

Le HCSP rappelle que, dans une situation épidémique, la stratégie vaccinale a pour objectifs de :

  • Améliorer la couverture vaccinale dans la population ciblée par les recommandations (meilleure application de la vaccination des nourrissons et politique volontariste de rattrapage chez les personnes nées depuis 1980),
  • Limiter l’extension de l’épidémie (vaccination post-exposition, dans les 72 heures, des personnes âgées de 6 mois et plus, non vaccinées ou insuffisamment vaccinées ou de statut vaccinal inconnu),
  • Protéger les personnes à risque de rougeole grave (nourrissons âgés de moins d’un an, femmes enceintes et personnes immunodéprimées). Leur protection repose sur la vaccination de l’entourage, la vaccination post-exposition dans les 72 heures suivant le contage pour les nourrissons de 6 à 11 mois révolus ou la prophylaxie post-exposition par immunoglobulines polyvalentes dans les 6 jours suivant le contage pour les personnes ne pouvant être vaccinées (nourrissons de moins de 6 mois nés de mère non immune, femmes enceintes, personnes immunodéprimées).

Dès le diagnostic présumé, le malade doit être pris en charge rapidement avec mise en place de précautions d’hygiène (isolement, port d’un masque, aération pendant au moins 10 minutes de la pièce où était le patient…). Les sujets contacts doivent être informés qu’en cas d’apparition de symptômes ils ne doivent pas aller travailler et doivent consulter. Lorsque cela est possible, il est conseillé que seuls les professionnels de santé immunisés prennent en charge les cas de rougeole.

Le CHSP rappelle qu’il est primordial de maintenir la surveillance par le signalement et le remplissage de la fiche de déclaration obligatoire (DO) des cas afin de suivre la dynamique de l’épidémie et d’assurer la gestion autour des cas.

Le diagnostic biologique de rougeole est à prioriser dans certains contextes, notamment en présence de facteurs de gravité :

  • Personne hospitalisée avec suspicion de forme grave de rougeole,
  • Cas suspect de rougeole chez une personne à risque de rougeole grave : nourrisson âgé de moins de 12 mois, personne immunodéprimée, femme enceinte,
  • Cas suspect de rougeole dans l’entourage familial de personnes non immunisées à risque de rougeole grave.

En situation de cas groupés ou dans une région épidémique, la vaccination post-exposition est proposée sans attendre la confirmation biologique des cas.

Les situations dans lesquelles le HCSP ne recommande pas la confirmation biologique des cas sont celles de cas cliniques avec un lien épidémiologique avec un cas confirmé ou celles de cas groupés de rougeole dans une collectivité pour lesquels au moins un cas a été confirmé biologiquement.

Au-delà des mesures de gestion à mener autour de cas groupés, l’ARS doit coordonner des actions d’information et de communication auprès du public (promotion de la vaccination en s’appuyant sur la perception du risque de la maladie).