Rougeole : combien de temps les anticorps maternels protègent-ils le nouveau-né ?

  • Science M & al.
  • Pediatrics

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

La protection du nourrisson apportée par les anticorps de la mère vaccinée contre la rougeole serait limitée aux trois premiers mois. La question de la fenêtre de vulnérabilité vis-à-vis du risque infectieux jusqu’à la première injection du vaccin ROR se pose en termes de santé publique.

Les anticorps neutralisants transmis par la mère à son enfant permettent à ce dernier d’être protégé à la naissance contre le risque de certaines maladies infectieuses. Leur taux dépend du contexte d’immunisation de la mère (par épisode infectieux ou par vaccination) et du contexte environnemental (situation d’épidémie ou maladie éradiquée). Des chercheurs se sont penchés sur le cas de la rougeole en analysant le taux d’anticorps sanguins d’une cohorte de 200 enfants âgés de moins de 12 mois. L’étude a été menée au Canada qui a un statut d’élimination de la maladie depuis vingt ans.

La susceptibilité de contracter la rougeole est maximale dès le sixième mois

Cette étude a été conduite à partir du prélèvement sanguin de 196 enfants de moins de 12 mois et nés à terme, reçus dans un hôpital de Toronto (56% de garçons, âge moyen de l’enfant 4 mois, de la mère 32 ans).

Le taux d’anticorps était inférieur au seuil protecteur (192 mUI/mL) pour 20% des enfants d’un mois et pour 90% de ceux âgés de 3 mois. Il n’y avait pas de différence selon le sexe ou l’âge gestationnel.

Selon l’analyse multivariée, la susceptibilité de l’enfant à l’infection était doublée pour chaque mois d’âge additionnel (OR : 2,13 [1,52-2,97]) après ajustement sur le sexe et l’âge maternel. La probabilité d’être susceptible de contracter la rougeole suivait une courbe logarithmique avec un palier >0,97 dès le 6e mois.

Si cette étude est limitée par son caractère monocentrique, l’incapacité à prendre en compte l’allaitement et par une cohorte limitée formée en établissement de santé dont certains participants avaient une pathologie sous-jacente, elle permet de s’interroger sur la durée réelle durant laquelle les nourrissons s’avèrent finalement vulnérables au risque de rougeole.