Risque cardiovasculaire : les effets du type de viande consommé au long cours
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- Selon cette étude menée sur près de 2.000 sujets grecs sains à l’inclusion et suivis sur 20 ans, la consommation de viande influe sur le risque de maladie cardiovasculaire (MCV).
- La consommation de viande reposant essentiellement sur des produits carnés transformés multiplie ce risque par 3, et ce quelle que soit la fréquence de consommation, alors qu’une consommation de viande principalement axée sur de la viande rouge n’a pas d’effet significatif.
- Le risque de MCV est, au contraire, divisé par 3 lorsque la viande consommée est essentiellement constituée de volaille.
- Les auteurs soulignent « la nécessité de distinguer produits carnés transformés et non transformés dans les recommandations futures ».
Pourquoi est-ce important ?
La Société Européenne de Cardiologie (ESC) a récemment recommandé de réduire la consommation de viande rouge et de produits carnés transformés pour prévenir les MCV 1. Pourtant, en France, la consommation de viande a augmenté de 50% entre 1970 et 2022, dont encore 3% au cours des 10 dernières années, essentiellement portée par la consommation de volaille 2. Et la consommation reste globalement élevée partout dans le monde. Une méta-analyse portant sur plus de 4 millions de sujets a montré que le fait de réduire la consommation de viande rouge et de produits carnés transformés était associé à un risque moindre de MCV et de diabète de type 2, mais avec une faible taille d’effet, probablement en raison de faiblesses méthodologiques. La consommation de viande blanche apparaissait quant à elle plus bénéfique. Une étude parue dans Meat Science a récemment examiné l’association entre le type de consommation de viande et l’incidence de maladies cardiovasculaires sur la durée chez des sujets sains 3.
Méthodologie
L’étude ATTICA a été conduite dans l’aire urbaine du Grand Athènes (Grèce) en 2001 et 2002 chez des sujets de la population générale indemnes de MCV à l’inclusion. Elle a ainsi inclus plus de 2.000 participants et les a suivis longitudinalement sur 20 ans, avec des points de contrôle à 5, 10 et 20 ans. Durant cette période, la consommation de viande autodéclarée a été évaluée selon qu’elle incluait majoritairement de la viande rouge, blanche (volaille) ou transformée (bacon, saucisse…). Puis, l’association entre le profil de consommation de viande et l’incidence de MCV à long terme a été analysée.
Principaux résultats
Sur l’ensemble de la période de suivi, 718 événements cardiovasculaires, dont 96 fatals, ont été rapportés sur un total de 1.988 participants, soit une incidence de 3.600 cas pour 10.000 sujets.
La stratification des sujets en fonction du type de viande majoritairement consommé a montré que 31% des participants ont consommé principalement de la viande rouge, 19% plutôt de la viande blanche, et 12% surtout des produits carnés transformés. Trente-huit pourcent des participants, ne consommaient pas ou rarement de viande (toutes formes confondues) et ont servi de groupe de comparaison. En analyse multivariée après ajustement sur les différents facteurs confondants, une consommation de viande principalement constituée de viande blanche (volaille) était associée à une réduction par 3 du risque de MCV (HR 0,35 [0,17-0,71]).
À l’inverse, le fait de consommer des produits carnés transformés multipliait par presque 3 le risque de MCV sur 20 ans (HR 2,89 [1,05-7,89]) par rapport aux sujets qui n’en consommaient pas ou rarement, alors que l’impact de la viande rouge n’avait pas d’effet significatif (HR 1,22 [0,81-1,82]), peut-être en raison d’une faible quantité consommée dans ce groupe d’étude.
L’analyse des pistes causales a indiqué que l’effet protecteur vis-à-vis des MCV observé chez les sujets non ou rarement consommateurs de viande était lié à un âge plus jeune, à une meilleure hygiène de vie (tabagisme, suivi d’un régime méditerranéen, activité physique), ainsi qu’à un risque moindre d’hypercholestérolémie et d’obésité. Les sujets consommateurs de produits carnés transformés avaient tendance à être plus âgés, souffraient plus souvent d’hypercholestérolémie ou d’obésité et étaient moins observants au régime méditerranéen et à l’activité physique.
Limitations
Étude observationnelle.
Financement
Société Hellénique d’Athérosclérose, Société Hellénique de Cardiologie et Aggelakis, société grecque leader sur le marché de la volaille.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé