Revalorisation des personnels hospitaliers : peut mieux faire

  • Jean-Bernard Gervais
  • Actualités professionnelles
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Petit cadeau de rentrée du ministère de la Santé à l'intention des infirmiers et médecins hospitaliers : une revalorisation des gardes et du travail de nuit. « Travailler de nuit sera, à partir de janvier prochain, rémunéré 25% de plus que le jour. Pour le travail du dimanche et les jours fériés, l’indemnité actuelle sera majorée de 20%. Pour les médecins, la revalorisation de 50% des gardes est pérennisée et élargie au secteur privé tandis que la rémunération des astreintes sera revue pour permettre un alignement par le haut sur le système qui existe dans le secteur privé », explique la communication de la Première ministre. 

En janvier 2024 cette revalorisation des gardes des médecins sera donc pérenne, comme Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, l'annonce sur X (ex twitter) : « Pérennisation de la revalorisation de 50% des gardes pour les médecins et convergence de la rémunération des astreintes pour les praticiens hospitaliers publics : des mesures qui disent la reconnaissance du rôle et des sujétions spécifiques des médecins à l’hôpital. » 

Syndicats rassurés ? 

Ces annonces sont-elles à même de rassurer les syndicats des professionnels concernés ? Le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARE) s'inquiétait de la pérennisation de cette revalorisation, avant les annonces d'Élisabeth Borne : « Le SNPHARE rappelle qu’à l’issue de la mission-flash Braun (juin 2022), des mesures de revalorisation transitoire des gardes avaient été décidées, dans l’attente de l’ouverture du chantier de la permanence des soins. D’arrêté en arrêté, ces mesures ont été jusqu’ici reconduites, oubliant systématiquement les astreintes à domicile. Le 31 août 2023, sauf parution in extremis d’un arrêté, ces mesures s’arrêteront », publiait le syndicat le 28 août. Depuis les annonces, le SNPHARE a publié un nouveau communiqué, pour prendre « acte et saluer cette décision annoncée par la Première ministre qui accède à une revendication socle et ancienne des praticiens hospitaliers ». Mais le syndicat ne se contente pas de cette seule revalorisation : « C’est l’ensemble du chantier de la permanence des soins qu’il faut ouvrir, en mettant sur la table, outre les rémunérations, le temps de travail, son décompte, son volume, l’intégration du samedi matin, la reconnaissance de la pénibilité et sa valorisation pour la retraite, les conditions de dispense de la permanence des soins. » 

Par voie de presse

L'intersyndicale Action praticien hôpital s'étonne pour sa part d'avoir appris ces décisions gouvernementales par voie de presse, et non pas de manière directe, par le biais du dialogue social. Néanmoins, affirme Action praticien hôpital, « il s'agit donc d'un premier pas pour une équipe gouvernementale enfin en marche pour une égalité de traitement entre le système privé et les personnels soignants. Le chemin est encore long et nous sommes toujours dans l'attente du calendrier de concertations qui sont stoppées depuis mi-mai sans perspective à ce jour ». 

Infirmiers déçus

Côté infirmier, le syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), organisation représentative des infirmiers hospitaliers, fait part de sa déception : « Ces primes, c'est peu de choses ! Nous attendons d'être payés pour nos #compétences mais les salaires restent à -10% sous le salaire #infirmier européen. Si les conditions de travail ne changent pas, la situation ne va pas évoluer, avec une perte de sens », annonce le SNPI dans un tweet. Côté médecine libérale, ces revalorisations hospitalières font craindre une discrimination entre personnels du secteur public et du secteur privé : « L’UFML-S a bien pris note de la pérennisation des revalorisations des sujétions s’agissant du travail de nuit et des gardes des jours fériés pour les personnels non médicaux ainsi que du fléchage unique de ces augmentations vers l’hôpital public… Nous posons la question d’une discrimination des soignants par le gouvernement. » 

Sage-femmes mis de côté

Les sage-femmes, n'étant pas considérés comme une profession paramédicale mais bel et bien comme une profession médicale, craignent d'être écartés de ces revalorisations, comme s'en alarme un communiqué de l'organisation nationale syndicales des sage-femmes (ONSSF) : « Profession médicale, le métier de sage-femme est le seul à être écarté du statut des personnels médicaux, odontologiques et pharmaceutiques à l’hôpital. Nous ne pouvons donc prétendre aux revalorisations prévues pour ce statut. Dans son intervention, la première ministre a cité les infirmiers et les aides-soignants comme bénéficiaires, doit-on en déduire que les sage-femmes des hôpitaux en seraient écartées ? »