Résultats décevants de l’association lopinavir/ritonavir dans les formes sévères de COVID-19

  • Cao B & al.
  • N Engl J Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Chez des patients hospitalisés pour une forme sévère du COVID-19, l’association lopinavir/ritonavir  (400mg/100mg) 2 fois par jour durant 14 jours n’apporte pas de bénéfice par rapport aux soins standards en termes de délai d’amélioration clinique. De nouveaux essais sont attendus pour confirmer ces résultats.

En pleine épidémie, les équipes de recherche travaillent d’arrache-pied pour trouver un traitement contre les formes graves de COVID-19. Plusieurs pistes sont actuellement explorées. Parmi elles, le lopinavir, un antirétroviral utilisé dans l’infection au VIH avait montré une activité contre le SARS-CoV-2, le virus à l’origine de l’épidémie de SRAS en 2003. Et l’association lopinavir/ritonavir, en plus de la ribavirine, avait permis de réduire les syndromes de détresse respiratoire et les décès dans cette population. Même si le profil de l’étude ne permettait pas de conclure quant à l’efficacité de l’association de lopinavir/ritonavir seule, et face à l’urgence de la situation, l’évaluation de son intérêt dans les formes graves de Covid-19 a été testée par des chercheurs chinois.

L’association lopinavir/ritonavir comparée aux soins standards seuls

Un essai contrôlé randomisé réalisé au sein de l’hôpital de Jin Yin-tan (Chine) a été réalisé en ouvert auprès de patients adultes confirmés positifs pour le SARS-CoV-2 et hospitalisés pour une forme grave de COVID-19 : pneumonie confirmée à l’imagerie, saturation artérielle en oxygène (SaO2) ≤94% sans assistance respiratoire ou rapport de la pression partielle en oxygène (PaO2) sur la fraction d’oxygène inspiré <300 mm Hg). Ainsi, 199 patients ont été randomisés pour recevoir du lopinavir/ritonavir (400mg/100mg) 2 fois par jour durant 14 jours en plus des soins usuels (n=99) ou bien des soins usuels seuls (n=100). Le délai jusqu’à amélioration clinique était ensuite comparé entre les deux groupes.

Peu de bénéfices, tant en termes de délai d’amélioration que de mortalité

Dans la population en intention de traiter, l’association lopinavir/ritonavir n’a pas raccourci le délai jusqu’à l’amélioration clinique par rapport à celui observé sous soins standards (16 jours dans les 2 cas). La mortalité à 28 jours s’est montrée statistiquement comparable dans les deux groupes bien qu’inférieure dans le groupe ayant bénéficié de l’association (19,2% vs 25,0%).

Dans l’analyse en intention de traiter modifiée, ne tenant pas compte des patients décédés précocement, le délai médian jusqu’à amélioration clinique a été réduit d’une journée (15 j vs 16j) et la différence de mortalité s’est légèrement accentuée (16,7% vs 25,0%).

Sur le plan de la sécurité, les effets indésirables gastro-intestinaux (nausées, vomissements, diarrhées) ont été plus fréquents dans le groupe intervention que dans le groupe contrôle, mais les EI graves ont été plus nombreux dans le groupe contrôle.