Résultats d’enquête : quelle est la prise en charge du carcinome épithélial avancé de l’ovaire en France ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Plus de 100 praticiens membres de sociétés savantes dans le domaine ont répondu à une enquête sur la prise en charge du carcinome épithélial avancé de l’ovaire en France en 2021. 

  • Les pratiques des répondants sont apparues comme étant en ligne avec les recommandations en vigueur.
  • Ces résultats sont utiles pour la mise en place d’études cliniques internationales.
  • Ils incitent en revanche à interroger un plus large public pour juger réellement des pratiques françaises sur ce sujet tous centres confondus.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

En France, le cancer de l’ovaire est le 8e cancer de la femme en termes de fréquence (5.200 nouveaux cas et 3.500 décès liés à ce cancer en 2018). Ces tumeurs surviennent principalement chez les femmes ménopausées et sont souvent diagnostiquées à un stade avancé (IIB-IV). Le diagnostic tardif est associé à un mauvais pronostic, avec une survie à 5 ans inférieure à 30%. Environ 90% des cancers ovariens sont des carcinomes épithéliaux. Au stade avancé, la chirurgie avec résection complète et la chimiothérapie constituent le traitement optimal. En avril 2018, des recommandations de l’European Society for Medical Oncology (ESMO) et de l’European Society of Gynaecological Oncology (ESGO) ont été établies, suivies l’année suivante de recommandations nationales afin d’améliorer et d’harmoniser la prise en charge de ces patientes. Les pratiques françaises n’avaient pas fait l’objet d’une évaluation depuis, d’où l’intérêt de cette enquête.

Méthodologie

Un questionnaire de 58 items a été transmis par voie électronique aux membres de la Société Française d’Oncologie Gynécologique (SFOG), du Groupement National d’Investigation des Cancers de l’Ovaire et du Sein en France (GINECO-ARCAGY) et du Groupement Français de Recherche en Chirurgie Oncologique et Gynécologique (FRANCOGYN).

Principaux résultats

Sur les 107 professionnels de santé qui ont répondu au questionnaire (50,5% d’hommes, âgés de 29 à 64 ans, durée moyenne d’expérience 12 ans), 37% étaient gynécologues-obstétriciens, 35% chirurgiens oncologues, 18% oncologues. Sur l’ensemble des répondants, 40% pratiquaient en hôpital universitaire, 37% en centre de soin du cancer. Environ 45% des répondeurs prenaient en charge plus de 50 cas par an et 42% traitaient entre 20 et 50 cas par an. 

Une immense majorité de répondants (92%) avaient recommandé la réalisation d’un scanner thoraco-abdomino-pelvien lors de la découverte du cancer, et dans une moindre mesure une IRM pelvienne ou PET-scan. Par ailleurs, 97% des répondeurs faisaient réaliser un test sanguin CA125, et un tiers des répondants ont utilisé l’algorithme ROMA (Risk of Ovarian Malignancy Algorithm).

Si plus des trois quarts des clichés d’imagerie demandés par ces praticiens étaient contrôlés systématiquement, en revanche seuls la moitié l’était en préopératoire lorsque l’imagerie était réalisée en dehors de l’établissement de prise en charge.

Les sujets de plus de 75 ans étaient orientés vers un gériatre de manière systématique dans un tiers des cas et en fonction de leur état de santé général dans deux tiers des cas. Le délai avant test BRCA était très hétérogène (entre 1 et 6 mois). Selon l’immense majorité des répondeurs (77%), moins de la moitié des cas était éligible à une chirurgie primaire totale (ou debulking surgery). Les critères de l’étude LION étaient appliqués dans 69% des cas durant la chirurgie et dans 39% des cas après chimiothérapie.

L’utilisation du bevacizumab comme traitement adjuvant était plus fréquente en cas de maladie résiduelle (64% versus 54%). Lorsque des mutations BRCA1-2 étaient détectées, l’olaparib était administré dans 76 à 85% des cas, alors que le niraparib était seulement administré en cas de mutations BRCA de type sauvage. 

Principales limitations

Cette enquête a été transmise aux membres de sociétés savantes impliqués dans la réalisation des recommandations, ce qui est un biais pour juger des pratiques de l’ensemble des praticiens français. Par ailleurs, les participants avaient la possibilité de ne répondre qu’à certaines questions et pas à toutes.