Respect des accords de Paris : des millions de décès seraient évités d’ici à 2040 ?

  • Hamilton I & al.
  • Lancet Planet Health

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude parue dans le Lancet Planet Health montre que, par comparaison au scénario actuel, l’adoption d’un scenario soutenable réduisant l’exposition aux polluants atmosphériques, privilégiant une alimentation fléxitarienne et incitant à l’activité physique, diminuerait de 1,18 millions de nombre de décès attribuables à la pollution de l’air, de 5,86 millions les décès dus à l’alimentation et de 1,15 millions ceux dus à l’inactivité physique d’ici à 2040.
  • Des résultats qui devraient contribuer à renforcer les ambitions nationales pour s’aligner sur les objectifs de l’accord de Paris visant à maintenir l’augmentation des températures nettement en-dessous des 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle.

 

 

En 2015, dans le cadre des accords de Paris sur le climat, 196 pays se sont engagés à des mesures visant à la fois à limiter l’augmentation des températures à un niveau nettement inférieur à 2 degrés par rapport à l’ère préindustrielle, et dans le même temps à s’adapter à l’augmentation des températures. Fin 2020, force était de constater que ces contributions nationales déterminées (Nationally Determined Contributions, NDC) n’étaient pas à la hauteur de l’enjeu et que la poursuite du scénario actuel amènerait à une augmentation des températures de 3°C d’ici la fin du siècle. Pourtant le respect de ces engagements pourraient aussi apporter des bénéfices considérables en termes de santé publique.

scenarii pour modéliser les évolutions possibles jusqu’en 2040

À partir des NDC de 9 pays dans les domaines de l’énergie/émission de gaz à effet de serre/exposition à la pollution atmosphérique, de l’alimentation et de l’agriculture, et des transports/activité physique, une modélisation des évolutions a été réalisée entre 2015 et 2040 selon 3 scenarii : l’un basé sur les engagements pris en 2015 et les politiques nationales actuelles concernant l’énergie, la qualité de l’air, les transports et la santé (scénario actuel) ; un scénario plus soutenable aligné sur les objectifs de l’accord de Paris impliquant une décarbonation de l’économie, un développement des énergies durables et un contrôle plus ambitieux des émissions de gaz à effet de serre, et un troisième basé sur l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris associé à des politiques privilégiant la préservation de la santé (qualité de l’air, alimentation d’origine végétale privilégiée voire vegan, incitation à l’activité physique, scénario soutenable centré sur la santé). Les résultats ont été évalués en termes de vies épargnées par rapport au scénario actuel.

Des millions de décès évités par les mesures nationales permettant d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris

Les neufs pays pris en compte (Chine et États-Unis en tête, Afrique du Sud, Brésil, Nigéria, Inde, Indonésie, Allemagne, Royaume Uni) contribuaient à plus de 70% des émissions globales de gaz à effet de serre, alors qu’ils ne représentaient que 50% de la population en 2015.

Avec le scénario actuel, les émissions de C02 augmentent de façon importante dans tous les pays émergents en 2040, alors que dans le scénario soutenable, en ligne avec les objectifs de l’accord de Paris, les émissions chutent de 20% à 67% selon les pays (à l’exception de l’Inde). Elles suivent un scénario similaire dans le scénario soutenable centré sur la santé.

En ce qui concerne les émissions de particules fines (PM2,5), elles décroîtraient de 73% d’ici 2040 dans le scénario soutenable, alors que le scénario soutenable centré sur la santé diminuerait encore les concentrations de polluants atmosphériques, en particulier dans les pays les plus pollueurs comme la Chine ou l’Inde.

L’estimation du nombre de décès évités en lien avec la pollution atmosphérique serait de 1,18 millions dans le scénario soutenable, toujours par rapport au scénario actuel, avec les réductions les plus importantes en Indonésie, en Chine et en Inde. Le scénario soutenable centré sur la santé réduirait encore ces décès.

Du côté de l’alimentation et de l’agriculture, le fait d’adopter une alimentation fléxitarienne de réduire la consommation des produits d’origine animale (viande rouge et produits transformés notamment), d’augmenter celle des fruits, de légumes, de graines et de poisson, et de réduire le surpoids et l’obésité dans le scénario soutenable éviterait 5,86 millions de décès en 2040. Là aussi l’effet serait renforcé dans le scénario soutenable centré sur la santé (572.000 décès évités supplémentaires).

Enfin des politiques incitant à une augmentation de l’activité physique éviteraient 1,15 millions de décès dans les 9 pays considérés dans le scénario soutenable, avec un bénéfice particulièrement important aux États-Unis, en Chine et au Royaume Unis, et 943.000 décès supplémentaires seraient encore évités dans le scénario soutenable centré sur la santé.