Résidents d’Ehpad : une admission aux urgences sur 5 serait évitable
- Rolland Y & al.
- J Am Med Dir Assoc
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
Messages principaux
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Un transfert aux urgences sur 5 serait évitable pour les personnes résidant en Ehpad, selon une étude multicentrique française. Le motif de transfert apparaissait plus souvent approprié lorsque ces établissements disposent d'une unité de vie Alzheimer, que les infirmières y sont formées pour prévenir les hospitalisations indésirables, ou lorsqu’il leur est facile d’obtenir un avis médical ou de joindre le SAMU.
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La décision d’orienter vers les urgences devrait faire l’objet d’une sensibilisation des équipes soignantes aux risques associés à l’hospitalisation des sujets âgés (cognitifs et fonctionnels). Une amélioration de l’accès à une expertise médicale permettrait d’améliorer l’existant.
Le transfert aux urgences des personnes résidant en Ehpad n’est pas toujours approprié, alors qu’un séjour hospitalier favorise la confusion et le déclin fonctionnel et cognitif chez ces patients. Une étude multicentrique conduite dans 17 établissements de santé de Midi-Pyrénées a cherché à déterminer l’ampleur des transferts inappropriés et les facteurs qui leurs sont associés afin d’envisager quels types de mesures pourraient améliorer ce bilan.
Méthodologie
L’étude a consisté à recueillir toutes les entrées de résidents d’Ehpad dans les services d’urgence participants durant 4 semaines de l’année 2016 (1 à chaque saison). Tous les cas ont été analysés par un groupe de 8 experts (gériatres, urgentistes, généralistes et pharmaciens). Ont été considérés comme transferts potentiellement inappropriés tous ceux où il n’existait pas de conditions d'urgence psychiatrique ou somatique (symptômes vitaux tels que désaturation en oxygène, trouble de la conscience, suspicion d'accident vasculaire cérébral, hémorragie non contrôlée, choc hémodynamique, fièvre non contrôlée depuis au moins 3 jours) ainsi que ceux où les sujets étaient en situation palliative connue ou pour lesquels des directives anticipées de non-hospitalisation étaient consignées dans le dossier médical du résident. Par ailleurs, la suspicion de fracture était considérée comme un motif approprié si elle conduisait à une investigation radiologique aux urgences. Toutes les situations de transfert qui auraient pu être gérées par d'autres moyens que le passage aux urgences, sans risque accru pour la santé du résident, étaient aussi considérées comme inappropriées.
Principaux résultats
Au total, les données de 1.037 sujets ont été analysées (âge moyen 87,2 ans, 68% de femmes).
Le principal motif d’orientation aux urgences était la crainte de fracture. Globalement, plus d’un transfert sur 5 était considéré comme potentiellement inapproprié (21%). Les principaux facteurs de risque identifiés dans le cadre de l’analyse multivariée ajustée étaient l'anorexie dans la semaine avant l’évènement (odds ratio ORa 2,41 [1,57-3,71], et l'incapacité pour les infirmières de l’Ehpad à avoir rapidement un avis médical (ORa 1,67 [1,20-2,32]). A l’inverse, l'existence d'une unité de vie Alzheimer ou d’un personnel d’Ehpad formé à ces situations réduisait le risque (respectivement ORa de 0,66 [0,48-0,92] et 0,61 [0,41-0,89]). Lorsque le SAMU avait été appelé, la probabilité de transfert inapproprié était également réduite (0,47 [0,34-0,66]).
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