Rémission du VIH-1 après une seule greffe de cellules souches hématopoïétiques CCR5Δ32/Δ32

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Messages principaux

  • De nouvelles stratégies de traitement, basées sur la prévention de l’expression du co-récepteur CCR5, pourraient complètement éliminer le VIH.
  • La rémission du VIH-1 chez le « patient de Berlin », il y a 10 ans, n’est pas un cas isolé.
  • Pour la rémission de l’infection à VIH, une seule allogreffe de cellules souches hématopoïétiques CCR5Δ32/Δ32 pourrait suffire.

Le seul cas documenté de rémission durable du VIH est celui du « patient de Berlin », il y a 10 ans, qui a reçu deux allogreffes de cellules souches hématopoïétiques à base de cellules CCR5Δ32/Δ32 en traitement d’une leucémie myéloblastique aiguë avec une irradiation corporelle totale administrée lors de chaque greffe. Cette nouvelle étude rapporte une rémission du VIH avec une approche moins agressive et moins toxique.

L’adulte infecté par le VIH-1 a été diagnostiqué en 2003 et recevait un traitement antirétroviral depuis 2012. En 2015, il a reçu une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques en traitement d’une maladie de Hodgkin agressive (diagnostiquée en 2012), réfractaire à la chimiothérapie de première intention et à plusieurs schémas thérapeutiques de sauvetage. Tout comme le « patient de Berlin », le donneur était homozygote pour CCR5Δ32. La délétion de 32 paires de bases empêche l’expression de CCR5, ce qui rend ces cellules résistantes à l’infection par des variantes du VIH utilisant le co-récepteur CCR5. De ce fait, le génotype hôte était CCR5wt/wt avant l’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (comparativement au génotype CCR5WT/Δ32 hétérozygote observé chez le « patient de Berlin »), et est devenu CCR5Δ32/Δ32 après la greffe, avec la perte de l’expression de surface de CCR5 dans les lymphocytes T CD4 et CD8 circulants.

Le traitement antirétroviral a été maintenu après la greffe de cellules souches hématopoïétiques et a été arrêté 16 mois après la greffe. La rémission du VIH-1 s’est maintenue pendant 18 mois supplémentaires. La charge virale plasmatique a été mesurée une fois par semaine pendant les 3 premiers mois, puis une fois par mois par la suite. Ces tests ont confirmé que l’ARN du VIH-1 était indécelable dans le plasma, à moins de 1 copie par millilitre, et que l’ADN du VIH-1 était indécelable dans les lymphocytes T CD4 périphériques.

Le dosage quantitatif d’élimination du virus des lymphocytes T CD4 périphériques a montré l’absence de virus réactivable avec un total de 24 millions de lymphocytes T CD4 au repos.

Les lymphocytes T CD4 isolés du sang périphérique après la greffe n’exprimaient pas CCR5. De fait, les cellules étaient uniquement sensibles au virus à tropisme CXCR4 ex vivo.

Des analyses des réponses des anticorps et des lymphocytes T ont été effectuées afin d’évaluer plus en profondeur l’absence d’infection à VIH-1 persistante et de stimulation antigénique. Les deux réponses rappellent fortement les observations faites dans le cas du « patient de Berlin ».

Comme dans cette étude, le « patient de Berlin » avait une infection à VIH-1 à tropisme CCR5 et avait reçu une greffe de CCR5Δ32/Δ32, mais on ignore quels paramètres du traitement ou du patient ont contribué le plus à la rémission du VIH : les deux allogreffes de cellules souches hématopoïétiques ou les deux irradiations corporelles totales associées à du cyclophosphamide comme traitement de conditionnement. Seulement 18 mois après l’interruption du traitement, il est prématuré de conclure à la guérison de ce patient. Cependant, les données semblent indiquer qu’une seule allogreffe de cellules souches hématopoïétiques avec des cellules de donneur homozygote pour CCR5Δ32 pourrait suffire pour obtenir une rémission du VIH-1 avec un conditionnement d’intensité réduite, consistant dans ce cas en des agents chimiothérapeutiques.