Reflux laryngo-pharyngé : plus de 50% des patients pourraient être soulagés par l'assiette !

  • Lechien JR & al.
  • Laryngoscope

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Une étude vient d’évaluer l’efficacité d’un régime alimentaire seul mené durant 6 à 12 semaines chez des patients souffrant de reflux laryngo-pharyngé . Ce régime portait sur des aliments à faible teneur en matières grasses, sucres rapides et riches en protéines et produits végétaux alcalins.

  • Les résultats de cette étude montrent que ce type de régime alimentaire permet de soulager significativement 74% des individus à 6 semaines, 54% maintenant ce bénéfice à 12 semaines.

Éléments de compréhension mécanistique 

Un régime alimentaire alcalin vient bloquer l’activité de la pepsine qui altère la muqueuse et favorise la réaction inflammatoire via des microtraumatismes épithéliaux. Les aliments gras, eux, favorisent une dysmotilité oesophagienne et réduisent la tonicité du sphincter oesophagien, augmentant ainsi l’exposition de l’œsophage aux sécrétions acides.

Intérêt de ces données en pratique clinique ? 

L’efficacité d’un traitement empirique par inhibiteurs de la pompes à protons (IPP) dans ce contexte varie entre 17% et 87% selon les études et est associée à des effets indésirables. Ces résultats montrent que dans cette situation clinique, le changement de régime alimentaire est une stratégie non médicamenteuse intéressante. 

Méthodologie

Les patients de trois hôpitaux universitaires français et belges ayant consulté entre 2019 et 2021 pour reflux laryngo-pharyngé ont été recrutés de manière prospective. L’évolution des symptômes pré- et post-traitement a été évaluée à partir du score RSS (reflux symptom score) et pH-impédancemétrie. Les résultats obtenus ont été comparés à une période contrôle où les patients n’ont reçu aucun traitement, ni consignes alimentaires. Le régime alimentaire tenait compte à la fois du pH et de la composition des aliments et boissons permettant de prédire le potentiel refluxogène de ces derniers, évalué sur la base du score REDS (Refluxogenic diet score) variant de 0 à 100 (le chiffre le plus élevé reflétant le potentiel refluxogène le plus fort). 

Les patients invités à suivre ce régime devaient éviter les aliments et boissons des catégories 4 et 5 mentionnés dans un tableau disponible sur la version en ligne de cet article.

Principaux résultats

Au total, cinquante sujets ont terminé l’étude (dont 19 hommes). 

L’adhésion des sujets au régime alimentaire était satisfaisante (8,35 sur 10), avec une suppression de 80% des aliments et boissons ulcérogènes par les patients.

74% des patients ont rapporté une amélioration significative de leurs symptômes après 6 semaines de régime. Les améliorations étaient complètes pour 20% d’entre eux, importantes, modérées et légères pour 18%, 16% et 20% respectivement. Douze semaines après le régime, ils étaient encore 54% à se sentir significativement soulagés. La réponse au régime ne variait pas en fonction du profil des troubles (acides, faiblement acides ou non acides).