Recrudescence des infections invasives à streptocoque du groupe A
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Les mesures barrières de l’épidémie de Covid-19 avaient fait reculer le nombre d’infections invasives à streptocoque du groupe A (IISGA), mais une recrudescence a été observée depuis la fin d’année 2022, essentiellement chez des enfants. Ainsi, le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique a relevé 215 cas chez des patients de moins de 18 ans entre septembre 2022 et le début juin 2023, d’âge médian de 4,1 ans. Un tiers d’entre eux ont été hospitalisés en réanimation ou en unité de surveillance continue pédiatrique, 45% ont subi un geste chirurgical et 8 enfants sont décédés. La Direction générale de la santé a saisi le Haut Conseil de la santé publique pour avis sur la conduite à tenir autour d’un ou plusieurs cas d’infection invasive ou de cas groupés d’infection non invasive à Streptococcus pyogenes (nomenclature internationale des streptocoque du groupe A – SGA).
Données cliniques
L’avis rapporte d’abord quelques données de base. Le réservoir des SGA est essentiellement pharyngé, avec un portage asymptomatique concernant environ 10% de la population, surtout chez les sujets jeunes. Les infections non invasives sont les plus fréquentes : angines, otites, dermo-hypodermites non nécrosantes, impétigo, surinfection de lésions existantes.
Les IISGA ont une létalité d’environ 10%.
Le HCSP en propose la définition suivante :
- Cas confirmé : détection de S. pyogenes par culture, TROD (test rapide d’orientation diagnostique) ou technique moléculaire (amplification génique) dans un tissu normalement stérile (sang, épanchement pleural…) ;
- Cas probable : tableau clinique grave (comme choc, fasciite nécrosante, pneumonie ou pleurésie, myosite, infection puerpérale) avec :
- détection de S. pyogenes par culture, TROD ou technique moléculaire (détection des acides nucléiques) dans un tissu normalement non stérile ou lien épidémiologique avec un cas confirmé ;
- absence d’autre étiologie retrouvée.
Conduites à tenir
L’amoxicilline est recommandée en première intention dans le traitement des IISGA, éventuellement associée à la clindamycine. Le maintien de la tension artérielle est essentiel. Les patients doivent être pris en charge le plus rapidement possible dans un centre disposant d’une équipe capable de dispenser soins intensifs et chirurgie lourde.
À noter que les AINS sont déconseillés en cas d’infections courantes comme les angines, les infections dentaires ou la varicelle (risque de complication infectieuse grave).
En cas d’IISGA, les sujets contacts (personnes ayant eu des contacts rapprochés prolongés ou répétés avec le cas index de 7 jours avant le début des signes jusqu’à 24 heures après le début de l’antibiothérapie) doivent être informés de la nécessité de consulter rapidement en cas de symptômes évocateurs d’une infection à SGA, invasive ou non. Une antibioprophylaxie leur sera prescrite le plus tôt possible (amoxicilline, macrolides et apparentés, céphalosporines orales de première génération).
Les cas groupés d’IISGA comme les cas groupés d’infections non invasives à SGA (scarlatine, angines, impétigo) doivent faire l’objet d’une alerte auprès de l’Agence régionale de santé concernée. En lien avec Santé publique France, celle-ci mettra en œuvre des actions d’information, de promotion des mesures d’hygiène personnelle (lavage des mains au savon, masques, etc.), des mesures environnementales (nettoyage des endroits fréquemment touchés, des jouets, etc.) et des mesures individuelles (éviction de la collectivité d’une personne ayant une infection à SGA, antibioprophylaxie éventuelle, etc.).
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