Recommandations nutritionnelles françaises de 2017 : un impact sur la santé ?

  • Chaltiel D & al.
  • Br J Nutr

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Selon l’OMS, en 2016, 88% des décès dans les pays industrialisés étaient liés à une mauvaise alimentation. Une étude a évalué la corrélation entre l’adhésion aux recommandations nutritionnelles françaises de 2017 et l’espérance de vie, le développement d’une maladie cardiovasculaire ou d’un cancer à partir de la cohorte prospective NutriNet-Santé. Les conclusions suggèrent, après ajustement à de multiples variables, que les personnes qui adhérent le plus à ces recommandations auraient une diminution du risque de mortalité, de maladie cardiovasculaire et du cancer en général par rapport à ceux qui y adhèrent le moins.

Pourquoi ces données sont intéressantes ?

En 2017, les recommandations nutritionnelles françaises ont été revues et un score d’adhésion à ces recommandations a été développé et validé (PNNS-GS2). Il était intéressant d’évaluer l’impact de l’adhésion à ces recommandations sur la mortalité et le risque de développer un cancer ou une maladie cardiovasculaire.

Un score PNNS-GS2 élevé était positivement associé à une forte consommation de fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, plutôt d’origine bio, et à une faible consommation de viande rouge et de viande transformée, de céréales raffinées, de produits sucrés et d’alcool.

Méthodologie

Cette étude est basée sur la cohorte prospective NutriNet-Santé. Les sujets suivis ont été inclus dans la cohorte entre 2009 et 2014 et suivis jusqu’en mai 2019. Au global, 67.748 sujets ont participé aux analyses concernant le risque de mortalité, 75.634 le risque de cancer et 80.269 le risque de maladie cardiovasculaire. Le score PNNS-GS2 des individus a été calculé à partir des données d’enregistrement de leur consommation alimentaire sur 24 heures durant les 2 premières années du suivi. La durée moyenne de suivi pour les sujets atteints de cancer était de 6,7 ans, celles de ceux atteints de maladie cardiovasculaire ou qui sont décédés de 6,2 ans. Plusieurs variables ont été considérées : âge, sexe, niveau d’éducation, travail, revenus, statut marital, activité physique et habitudes tabagiques.

Principaux résultats

Au global, l’échantillon sélectionné comprenait 78% de femmes (âge moyen 44,4 ans, PNNS-GS2 moyen de 1,5 sur une échelle allant de -17 à +14,25). Les personnes qui adhéraient le mieux aux recommandations nutritionnelles de 2017 étaient plus susceptibles d’être plus âgées que les autres, d’avoir un niveau d’éducation plus élevé, de meilleurs revenus. Ils vivaient également plus souvent en couple ou en cohabitation, pratiquait davantage une activité physique, étaient moins susceptibles d’avoir un IMC important, de consommer de l’alcool ou de fumer que ceux qui  y adhéraient le moins. 

Après ajustements à de multiples variables, les analyses ont montré qu’une forte adhésion aux recommandations nutritionnelles de 2017 était associée à une diminution de la mortalité de (HR 0,77 [0,60-1,00]), du risque de cancer (HR 0,80 [0,69-0,92]) et du risque de maladie cardiovasculaire de (HR 0,64 [0,51-0,81]).

Des analyses sur différents cancers ont mis en évidence que la forte adhésion aux recommandations nutritionnelles françaises de 2017 était significativement associée à une diminution du risque de cancer colorectal mais pas de cancer du sein, ou de la prostate.

Principales limitations

La cohorte NutriNet-Santé est constituée de volontaires, majoritairement des femmes, ayant un bon niveau d’éducation, plutôt jeunes et ayant des habitudes de vie saines. Les résultats ne peuvent pas être généralisés à l’ensemble de la population française.