Si le suicide reste un phénomène rare à l’échelle d’une patientèle, la moitié des personnes passant à l’acte ont consulté durant le mois précédant leur décès. Tout médecin a donc un rôle majeur à jouer dans la prévention des tentatives de suicide et des suicides. Un article paru dans la Revue de Médecine Interne rappelle les grandes lignes de la conduite à tenir.
Identifier les risques
La crise suicidaire est une période à risque qu’il convient de connaître et de repérer chez un patient consultant pour un motif somatique et qui évoquerait ses difficultés : il s’agit d’une crise psychique au cours de laquelle le sujet a épuisé ses ressources adaptatives, psychologiques et comportementales et va envisager le suicide comme la seule solution à ses difficultés et sa souffrance. Dès lors, si « l ’idée n’est pas de se transformer en psychiatre », il semble indispensable « d’évaluer cette dimension, comme on parle de la douleur ou d’un autre symptôme. »
Certains facteurs de risque sont identifiés sur le plan épidémiologique, qu’il convient de repérer, malgré l’absence de données permettant de les hiérarchiser : personnes âgées, isolement affectif, désinsertion ou fragilisation socioprofessionnelle, difficultés financières et autres événements de vie, antécédents de tentative de suicide (même si près d’un décès par suicide sur 2 survient chez des sujets sans antécédents), antécédent familial de décès par suicide, trouble psychiatrique (dépression, usage de substances, troubles de la personnalité), maladies somatiques douloureuses, chroniques, multiples, handicapantes et/ou réputées incurables, antécédents de ventilation mécanique en unités de soins intensifs.
Évaluer et prendre en charge le risque de passage à l’acte
Déterminer l’urgence et la dangerosité suicidaire repose sur des questions simples et directes : « Vous arrive-t-il de penser que vous aimeriez mieux être mort ? » puis, si la réponse est positive, « Avez-vous pensé vous suicider ? », « Avez-vous pensé à comment le faire ? » « Avez-vous pensé à quand ? » et enfin « Y a-t-il quelque chose qui vous retient de vous suicider ? ».
Les auteurs insistent sur le fait que ces types de phrase, s’ils semblent délicats à évoquer, ne constituent jamais un facteur précipitant. Soit le patient infirme (« Je n’en suis pas là, Docteur ») mais sera reconnaissant du souci affiché par le médecin, soit il aborde sa souffrance évocatrice d’une crise suicidaire, auquel cas la verbalisation est une première étape favorisant sa sortie de l’isolement, et une diminution de son anxiété et sa culpabilité.
Les sujets qui évoquent un scénario suicidaire sans alternative et avec une planification envisagée rapidement constituent une urgence suicidaire. Le patient doit immédiatement être adressé ou envoyé aux urgences psychiatriques en lui indiquant son inquiétude et la réversibilité de la situation avec des aides appropriées qui seront fournies via les urgences.
Lorsque les sujets évoquent un scénario suicidaire, mais qu’ils évoquent aussi des alternatives ou une date de mise en œuvre lointaine ou indéterminée, l’urgence est moyenne. L’urgence est considérée comme faible lorsqu’aucun scénario suicidaire n’est évoqué. Dans ces cas, le médecin doit exprimer son empathie et engager une discussion avec le patient pour réfléchir à une prise en charge ou un accompagnement qui lui permettrait de sortir de la crise suicidaire.
Le praticien peut fonder sa démarche de repérage et de prévention sur deux outils : les recommandations de la Haute Autorité de santé et l’outil RUD (Risque Urgence Dangerosité) déployé dans le cadre de la campagne nationale de prévention du suicide.
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