Résidences pour personnes âgées autonomes : un entre-deux favorable au pronostic
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
A retenir
Selon les données de deux cohortes de population âgée françaises (3C et PAQUID), le fait d’emménager dans une résidence pour personnes âgées autonomes permet de réduire le risque de chute, d'hospitalisation de moitié et la mortalité d'environ 30% par rapport à leurs homologues restés à domicile.
Ces données vont à l’encontre de plusieurs études anglo-saxonnes qui avancent un risque accru de mortalité par rapport aux personnes vivant à domicile. Mais ici sont comparés les sujets qui entrent en logement senior par rapport à ceux qui restent eux. Par ailleurs, le profil des personnes qui y sont accueillies en France est assez différent de celui que l’on trouve dans les pays anglosaxons.
Alors qu’elles correspondent à une alternative aux Ehpad (Etablissement pour personnes âgées dépendantes) dans ces pays, les résidences pour personnes âgées rassemblent plutôt une population intermédiaire entre domicile et Ehpad en France.Ces résidences « pourraient favoriser l'autonomie des personnes âgées et aider à gérer la trajectoire de santé des personnes âgées vulnérables » concluent les auteurs, soulignant qu’elles « peuvent constituer un cadre plus approprié pour la prévention secondaire que dans la communauté, où les personnes âgées fragiles sont dispersées. »
Pourquoi est-ce important ?
En France, les résidences pour personnes âgées autonomes (publiques ou privées) sont des alternatives entre le domicile et l’Ehpad et permettent aux personnes âgées de disposer de leur propre logement, dans un lieu de conception adaptée, offrant des espaces et services communs. Une partie de ces résidences ont aussi un personnel sur place pour assurer des soins (aides-soignantes, infirmières). Plusieurs études ont déjà décrit le profil des personnes qui y résident (âge moyen à l'admission 81 ans, durée moyenne de séjour de cinq ans, présence de critères de fragilité et de troubles dépressifs chez la moitié d’entre eux). En revanche, la trajectoire de vie de ces personnes a été peu décrite. Afin de mieux la préciser, les chercheurs ont compilé les données de deux cohortes de population de personnes âgées qui bénéficient d’une longue durée de suivi.
Méthodologie
L’étude a analysé les données issues de deux cohortes : (1) l'étude 3C, prospective multicentrique, qui avait recruté aléatoirement des personnes non institutionnalisées, âgées de 65 ans ou plus dans trois villes françaises (Dijon, Bordeaux, Montpellier), parmi lesquelles 9.294 ont accepté de participer et ont été suivis durant 17 ans, via des entretiens et des questionnaires standardisés ; (2) la cohorte PAQUID qui a rassemblé 3.777 sujets de 65 ans et plus non institutionnalisés, issus de deux départements (Gironde, Dordogne), et suivis via les données des bases administratives et des données médicales obtenues auprès du médecin traitant.
Principaux résultats
Dans l’étude 3C (2.104 sujets, 74,6 ans à l’inclusion, 61,2% de femmes), 6,8% des sujets ont emménagé dans un logement pour personnes âgées au cours des 17 années de suivi. Ils ont été 4,3% parmi les 3.777 participants de l’étude PAQUID (75,5 ans à l’inclusion, 58,2% de femmes) au cours des 30 années de suivi.
Le fait d’avoir emménagé dans un logement pour personnes âgées a été associé à une diminution du risque de mortalité par rapport aux personnes âgées qui sont restées à domicile, avec un risque réduit de 36% (HR 0,64 [0.49–0,83], p<0,001) après ajustement sur le sexe, le niveau d’éducation et l’autonomie en vie quotidienne selon les données de l’étude 3C, et de 28% (HR 0,72 [0,58-0,88], p=0,002) selon les données de l’étude PAQUID). Le risque d’admission en Ehpad était plus élevé (RR 1,54 [1,10-2,15] et 1,39 [1,05-1,86] respectivement).
Parallèlement, le risque d'hospitalisation et de chute était réduit (HR 0,54 [0,40-0,73] et 0,63 [0,50-0,79]) dans l’étude 3C (non analysable dans l’étude PAQUID).
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