Réduire l’inflammation grâce à l’activité physique à la ménopause : a-t-on des preuves de bénéfice ?

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Pour la première fois, une méta-analyse a évalué l’effet de l’activité physique sur les marqueurs de l’inflammation chez des femmes ménopausées.
  • Les résultats indiquent un bénéfice de l’activité physique sur les marqueurs de l’inflammation quel que soit l’âge. 
  • « Ces données confirment de précédentes recherches suggérant que l’exercice physique est une stratégie efficace pour réduire l’inflammation, ce qui peut être important cliniquement compte tenu du rôle central de l’inflammation dans le développement des maladies chroniques », évoquent les auteurs.

Pourquoi est-ce important ?

La période post-ménopausique est associée à une augmentation de l’inflammation systémique qui elle-même peut contribuer à favoriser le risque de maladie cardiovasculaire et de maladie métabolique. Cette inflammation est associée à l’augmentation de marqueurs tels que les cytokines pro-inflammatoires (interleukine 6, IL-6 ; facteur de nécrose tumoral, TNF alpha), et à une augmentation de la protéine C réactive (CRP), ainsi qu’à l’augmentation de l’adiposité, en particulier des tissus viscéraux. Ces phénomènes peuvent être précurseurs d’un syndrome métabolique, d’un diabète de type 2 (DT2), d’une maladie du foie non alcoolique ou d’une maladie cardiovasculaire. L’adiponectine est un marqueur anti-inflammatoire sécrété par les tissus adipeux dont les taux diminuent en cas d’obésité et de DT2. En revanche, concentrations en adiponectine augmentent avec l’âge et après la ménopause. Jusqu’à présent aucune méta-analyse ne s’était intéressée à l’impact de l’activité physique sur les marqueurs de l’inflammation chez les femmes ménopausées.

Méthodologie

Cette méta-analyse des essais contrôlés publiés jusqu’en avril 2021 compare l’impact de l’activité physique sur les marqueurs de l’inflammation (protéines C réactive ou CRP, interleukine 6 ou IL-6, facteur de nécrose tumorale alpha ou TNF alpha et l’adiponectine). Ainsi ces marqueurs de l’inflammation ont été comparés entre des femmes ménopausées qui suivaient un protocole d’exercices physiques durant 4 semaines ou plus et un groupe contrôle.

Principaux résultats

Trente-deux études pertinentes ont été retenues, incluant 1.510 femmes post-ménopausées (âges moyens entre 52,2 ans et 88,9 ans, indices de masse corporelle (IMC) moyens entre 23,9 et 34,7 kg/m2). 

Globalement, par rapport aux groupes contrôles, les femmes ménopausées qui pratiquaient une activité physique avaient une diminution significative des taux l’IL-6 (-0,75) avec taille d’effet modérée, et une hétérogénéité significative entre les études. Par rapport aux groupes contrôles, les exercices en aérobie induisaient une diminution plus importante de l’IL-6 (-0,81) que les exercices en résistance (-0,72) ou combinant les deux (-0,71). Par rapport aux sujets contrôles, la diminution de l’IL-6 chez les femmes ménopausées qui pratiquaient une activité physique était nettement plus importante chez les plus jeunes (<64 ans) que chez les plus âgées (-0,90 versus -0,39).

Toujours par rapport aux sujets contrôles, les taux de TNF alpha étaient diminués chez celles qui pratiquaient une activité physique (-0,64) avec une taille d’effet modérée et une hétérogénéité significative entre les études. Les analyses en sous-groupes ont indiqué une réduction modérée du TNF-alpha lors d’une activité en aérobie (-0,49) et en résistance (-0,52) et plus importante lorsque l’activité physique combinaient des exercices en aérobie et en résistance (-0,86). La diminution était plus importante chez les sujets jeunes (-0,75) que chez les femmes plus âgées (-0,49).

L’exercice physique réduisait significativement la CRP (-0,64) avec une taille d’effet modérée et une hétérogénéité significative. L’analyse en sous-groupes a révélé une réduction modérée de la CRP chez les femmes pratiquant des exercices en aérobie (-0,33), mais plus importante lorsque des exercices combinés (-0,79) ou en résistance (-0,83) étaient réalisés. L’effet sur la CRP était assez semblable chez les plus jeunes versus les plus âgées (-0,73 et -0,61 respectivement).

Les femmes des groupes activité physique avaient des taux d’adiponectine augmentés par rapport aux sujets contrôles (+0,98) avec un effet taille important et une hétérogénéité significative. Les analyses en sous-groupes par âges n’ont pas pu être menées faute d’effectifs suffisants.