Quels déterminants expliquent une couverture vaccinale incomplète chez les enfants de 2 ans ?
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon une analyse conduite à partir d’une cohorte d’enfants de 2 ans issus de l’étude ELFE, près d’un enfant sur deux aurait une vaccination incomplète à l'âge de deux ans. Plusieurs facteurs indépendants ont pu être identifiés comme étant associés à cette vaccination incomplète : les plus importants étaient le fait d’habiter dans une région rurale isolée et d’être suivi par un médecin généraliste plutôt que par un pédiatre.
- Cette étude est limitée par le fait que depuis la collecte de ces données, les règles vaccinales concernant les nouveau-nés ont été modifiées en 2018, ce qui a sans doute amélioré la couverture vaccinale et potentiellement une modification des déterminants associés à une vaccination incomplète.
Pourquoi est-ce important ?
Les réticences face aux vaccinations constituent un problème ancien et croissant dans les pays à revenu élevé, dont la France, où ces questions ont été réactivées à l’occasion de la pandémie de COVID-19. Étant donné le problème de santé publique que pose le sujet, notamment chez les enfants, il est important de comprendre les facteurs favorisant la vaccination incomplète dans la population pédiatrique. Certaines études ont déjà permis d’identifier quelques facteurs favorisants, relatifs aux caractéristiques de l'enfant, aux caractéristiques sociodémographiques du ménage, aux connaissances, attitudes et pratiques des parents (manque d'information ou de perception de la maladie…), mais leur représentativité était souvent limitée. En utilisant les données de la large cohorte française ELFE (Étude Longitudinale Française depuis l'Enfance), les auteurs de ce travail disposent d’une bonne puissance statistique et d’une cohorte en population limitant les biais de sélection. Leurs observations pourraient être utiles pour prioriser des actions dédiées.
Méthodologie
La cohorte ELFE avait inclus 18.329 enfants nés en 2011 en France métropolitaine dans les 320 maternités participantes. Dans ce travail, tous les enfants de la cohorte pour lesquels on disposait de données vaccinales à 2 ans selon le calendrier vaccinal français en 2011-2012 ont été inclus dans l’analyse. Les vaccinations contre 11 agents pathogènes infectieux ont été considérées : diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP), coqueluche, Haemophilus influenzae type b, pneumocoque (PCV), hépatite B, rougeole-oreillons-rubéole (ROR), méningocoque C.
Principaux résultats
Au total, 5.740 enfants de 2 ans ont été inclus dans l’analyse. Ils étaient 46,5% [44,7-48,0] à être incomplètement vaccinés, 0,4% n’ayant jamais reçu une seule dose de vaccin. La couverture vaccinale était la plus élevée pour le DTP (90,4%), tandis qu’elle était de 89,6 % pour l'hépatite B, 82,6% pour la deuxième dose de ROR et 71,1% pour la vaccination contre le méningocoque C.
Parmi les enfants incomplètement vaccinés, 46,0% n'avaient reçu qu'une seule dose de vaccins parmi l’ensemble des injections recommandées.
Les facteurs associés au fait d’avoir une vaccination incomplète étaient le fait d'avoir des frères et sœurs plus âgés (odds ratio ajusté ORa 1,18 [1,03-1,34] et 1,28 [1,06-1,54] pour le fait d’avoir 1 et ≥2 frères et sœurs, respectivement vs 0), résider dans une zone rurale isolée (1,92 [1,36-2,75] vs une zone urbaine), le non respect des recommandations de santé par les parents (1,81 [1,41-2,34]), l’usage de médecines alternatives par ces derniers (1,23 [1,04-1,46]). Sur le plan du parcours de santé, ceux qui n’avaient pas bénéficié de la visite d'une infirmière de PMI au cours des deux premiers mois de l'enfant (1,19 [1,03-1,38] vs ≥1 visite) et ceux qui étaient suivis par un médecin généraliste (2,87 [2,52-3,26] vs pédiatre) étaient aussi à risque d’avoir une vaccination incomplète.
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