Quelles sont l’incidence et la prise en charge des effets secondaires pulmonaires avec le trastuzumab déruxtécan ?
- Univadis
- Clinical Summary
La maladie pulmonaire comme effet indésirable du médicament anticancéreux ciblé trastuzumab déruxtécan n’est pas négligeable, bien que la balance bénéfice-risque de l’utilisation du médicament reste positive, comme l’estiment les chercheurs qui rapportent une revue d’essais cliniques précoces portant sur ce médicament.
Dans le cadre de cette nouvelle étude, les investigateurs ont analysé les données d’essais cliniques précoces ayant inclus des patients lourdement prétraités atteints de cancers avancés. Ils ont identifié une incidence d’un peu plus de 15 % pour la pneumopathie interstitielle diffuse (PID)/pneumopathie inflammatoire associée au médicament. La plupart des patients (77,4 %) ont présenté une PID de grade 1 ou 2, mais 2,2 % des patients ont présenté une PID de grade 5.
« La PID est un facteur de risque connu chez les patients traités par conjugués à base d’anticorps dans le cadre d’un cancer », commente l’auteur principal, le Dr Charles Powell, de la faculté de médecine Janice et Coleman Icahn (Janice and Coleman Icahn School of Medecine), à New York. Les auteurs avertissent que cet effet indésirable peut entraîner une fibrose pulmonaire et devenir grave, mettre en jeu le pronostic vital, voire être fatal.
Les auteurs abordent également la question de la prise en charge de l’événement, qui implique des corticoïdes, et ils recommandent que tout patient qui développe une PID de grade 3 ou supérieur soit hospitalisé.
Ils suggèrent qu’une surveillance étroite et une prise en charge proactive pourraient réduire le risque de PID.
En effet, ils remarquent que l’incidence de cet effet indésirable était plus faible dans un essai ultérieur de phase III portant sur le médicament (10,5 % dans l’essai DESTINY-Breast03) et que les événements indésirables étaient moins graves au sein de cette population de patients (aucun de ces événements n’était de grade 4 ou 5).
« Des connaissances accrues […] et la mise en œuvre de directives pour la surveillance, le diagnostic et la prise en charge de la PID/pneumopathie inflammatoire » ont permis l’identification précoce de cet effet indésirable et son traitement avant qu’il ne progresse, pointent les auteurs.
Dans leur revue, les investigateurs ont évalué 9 essais cliniques précoces avec le médicament en monothérapie (phases 1 et 2) ayant inclus un total de 1 150 patients lourdement prétraités (cancer du sein : 44,3 % ; cancer gastrique : 25,6 % ; cancer du poumon : 17,7 % ; cancer colorectal : 9,3 % ; autres cancers : 3,0 %). Ils ont reçu 1 ou plusieurs doses d’au moins 5,4 mg/kg de trastuzumab déruxtécan.
Près de la moitié de la cohorte a été traitée pendant plus de 6 mois. Au total, 276 événements de PID/pneumopathie inflammatoire potentielle ont été envoyés pour adjudication. Parmi ceux-ci, 85 % ont été validés comme PID/pneumopathie inflammatoire.
L’incidence globale des événements de PID/pneumopathie inflammatoire évalués était de 15,4 % ; la plupart étaient des événements de bas grade. Environ 87 % des patients ont présenté leur premier événement de PID au cours des 12 mois suivant le traitement. Le délai médian jusqu’à un événement de PID/pneumopathie inflammatoire était de 5,4 mois.
Certains patients ayant développé une PID/pneumopathie inflammatoire de grade 1 ont été traités, et l’événement indésirable s’est résolu. Ces patients ont ensuite recommencé à prendre le médicament. Les auteurs notent que seuls 3 des 47 patients ayant repris le traitement ont présenté une récidive de PID/pneumopathie inflammatoire.
« Une reprise du T-DXd [trastuzumab déruxtécan] après la résolution complète des événements de grade 1 est possible et des études plus approfondies sont nécessaires », estiment-ils. Ils avertissent toutefois que la reprise du traitement n’est pas recommandée pour tous les patients, du moins pas pour ceux atteints de PID/pneumopathie inflammatoire de grade 2 ou supérieur.
Dans l’ensemble, les auteurs ont conclu que la « balance bénéfice-risque du traitement par T-DXd est positive », mais ils avertissent également que certains patients pourraient présenter un risque accru de développer une PID/pneumopathie inflammatoire.
Les facteurs initiaux qui augmentent le risque de développer un événement de PID/pneumopathie inflammatoire étaient un âge inférieur à 65 ans, une dose supérieure à 6,4 mg/kg, une saturation en oxygène initiale inférieure à 95 %, une insuffisance rénale modérée à sévère et la présence de comorbidités pulmonaires. En outre, les patients ayant initialement reçu un diagnostic de cancer plus de quatre ans avant de recevoir le médicament présentaient un risque plus élevé de développer une PID/pneumopathie inflammatoire.
« Grâce aux enseignements tirés de l’expérience des essais cliniques précoces, la formation des médecins et les protocoles de prise en charge des patients ont été révisés et diffusés par les promoteurs de l’étude [et] des données d’essai plus récentes, portant sur des lignes de traitement plus précoces, ont démontré des taux plus faibles d’événements de PID, ce qui suggère qu’une surveillance étroite et une prise en charge proactive de la PID/pneumopathie inflammatoire sont nécessaires pour tous les patients », explique l’auteur principal dans un communiqué.
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