Quelles sont les bénéfices des actions climatiques sur la santé ?
- Carole Stavart
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales de MediQuality
Alors que la COP 27 pour le climat se poursuit, la Santé est au cœur des enjeux. Lors du Congrès RIFRESS 2022 qui s’est tenu à Bruxelles en septembre dernier, La Dr Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin et responsable en santé planétaire à la faculté de médecine de l’Université de Montréal, a donné son éclairage sur les bénéfices des actions climatiques sur la santé et sur les initiatives à prendre pour améliorer la planète.
La question climatique est à ses yeux le plus grand défi actuel. Jamais auparavant elle n'avait vu la question de la crise climatique comme une question de santé. Et pourtant :
« A Montréal, les vagues de chaleurs créent une augmentation de la mortalité de 12 à 15%. Cela augmente la pression sur les services d'urgences et les consultations de manière générale, mais aussi le nombre de complications médicales chroniques », explique-t-elle.
Les actions pour le climat permettent d'améliorer la santé de tous
Améliorer la qualité de l'air notamment serait un des grands bénéfices : « On sait que la pollution est la plus grande tueuse à travers le monde, une tueuse silencieuse. Certaines études récentes estiment que 1 décès sur 5 à travers le monde est lié à la combustion des énergies fossiles. Et selon l'OMS, il s'agirait d'un décès sur 8. En améliorant la qualité de l'air on serait capable, au Canada, d'économiser des coûts pour les soins de santé d'environ 120 milliards de dollars. Malheureusement, on est très loin des actions climatiques qui pourtant protègent la santé de nos patients », poursuit la responsable de santé planétaire.
« L'accord de Paris nous dit en effet d'essayer de limiter le réchauffement climatique à 1.5 °C, voire de 2°C si possible, mais le Canada est un très mauvais élève », reconnaît-elle. « Et la sécheresse, les déplacements de population, l'aggravation de conflit civiles, les inondations, les pluies diluviennes, entre autres sont les conséquences que nous allons continuer à subir », poursuit-elle.
« Le Canada ne respecte aucun engagement climatique jusqu'à maintenant. Or l'environnement est responsable à environ 70% de l'état de santé de la personne. 1 décès sur 4 à travers le monde selon l'OMS est lié à des causes environnementales et pourtant ces enjeux là ne sont pas soulevés. »
On peut soigner sans polluer
« On sait que le réseau de la Santé est responsable à peu près de 5% des émissions de gaz à effet de serre à travers le monde. Si c'était un pays ça serait le plus grand pollueur », soutient le médecin de famille.
« Plusieurs actions concrètes peuvent être réalisées », poursuit-elle. « Comme réduire les déchets dans les hôpitaux, améliorer les pratiques de façon éco responsables et réduire les utilisations de certains médicaments qui sont particulièrement nocifs pour l'environnement. Je pense notamment à certains gaz anesthésiants et certains inhalateurs comme ceux de type HFA.»
« Il faut plus de cohérence dans les hôpitaux et je pense qu'on peut être capable de soigner sans polluer », affirme-t-elle.
« L'autre enjeu pour les hôpitaux », avance Claudel Pétrin-Desrosiers, « c'est le défi d'adaptation face à l'impact des changements environnementaux sur la santé, avec l'arrivée de nouvelles maladies, et probablement une augmentation des coûts de santé assez catastrophiques.»
Les éco bénéfices
« Au Canada, on parle rarement des bénéfices des actions climatique pour la santé », trouve-t-elle.
« Dans les coûts des projets, il est rare de voir les gains au niveau de la santé qui vont en ressortir. Or l'action climatique ne coûte pas si cher et représente même un très bon investissement.»
Responsable en santé planétaire : en quoi cela consiste ?
« Responsable en santé planétaire, cela peut paraître un peu prétentieux », avoue-t-elle. « La santé planétaire est une vision globale de la santé qui étudie non seulement la santé des êtres humains mais également la santé de tous les êtres vivants et des écosystèmes. Celle-ci reconnait qu'on ne peut pas être en bonne santé si on ne prend pas soin de l'environnement » explique Claudel Pétrin-Desrosiers.
« Si on devait schématiser la santé planétaire", explique-t-elle, « on dirait qu'au centre il y a l'interconnexion avec la nature. Ensuite, il y a le lien qu'on entretient avec l'environnement et le lien que l'environnement nous redonne. Puis, il y a les enjeux d'équité et de justice sociale, les capacités de créations de mouvements et de réflexions à des systèmes complexes. Les défis qui nous attendent sont complexes » poursuit Claudel Pétrin-Desrosiers, « et cela demande une capacité de pouvoir sortir du silo et de pouvoir travailler en collaboration avec d'autres personnes.»
« La santé planétaire va nous permettre de sortir des problèmes de malnutrition, des maladies infectieuses et transmissibles, et va nous aider à comprendre la cause des maladies du 21è siècle », explique-t-elle. «Que ça soit en adoptant les pratiques ou en réfléchissant en comité, le poste de responsable de santé planétaire dans mon département permet d'assoir cette priorité et d'avoir un point central vers lequel les gens peuvent se tourner en ce qui concerne cette priorité », conclut-elle.
Cet article a été écrit par Carole Stavart et initialement publié sur MediQuality.
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