Quelles solutions à court terme pour les déserts médicaux?

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À peine nommé au poste de ministre de la Santé qu'Aurélien Rousseau, accompagné de la ministre déléguée aux professions de santé Agnès Firmin Le Bodo, consacre son premier déplacement à la médecine de ville et à l'accès aux soins. Dans un communiqué annonçant cette visite dans le Val d'Oise (Magny-en-Vexin), le ministère de la Santé en profite pour rappeler que « 87% de la France est considéré comme un désert médical ». Pour y faire face, le gouvernement a dévoilé une feuille de routes en juillet dernier 1, qui permet de « colmater » les carences de la médecine de ville, grâce à des solutions déjà éprouvées, comme le développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), le recrutement d'assistants médicaux ou encore le déploiement de médicobus. Comme pour illustrer ces choix gouvernementaux, Aurélien Rousseau se rendra dans la MSP des Cordeliers, et passera par la CPTS du Vexin francilien. Mais, dans le détail, comment fonctionne ces nouveaux outils pour pallier la carence en professionnels de santé ? 

10.000 assistants médicaux

Première des solutions prônées par le ministère de la santé, le recrutement d'assistants médicaux. Destinés à fournir une aide à la consultation, au suivi du dossier patient, et à la prise en charge administrative du cabinet, les assistants médicaux sont actuellement 4.384 en France. L'objectif du gouvernement est de faire passer leur nombre à 10.000 grâce à un assouplissement des aides accordées aux médecins recruteurs : plus besoin, désormais de travailler dans le cadre d'une structure d'exercice coordonné (MSP, centres de santé, équipes de soins primaires ou spécialisés) pour bénéficier d'une aide à l'embauche d'un assistant médical, d'un montant de 30.000 euros. Désormais, mêmes les médecins exerçant en cabinet peuvent prétendre à cette aide, tel que l'édicte le règlement arbitral de mai 2023. « Aujourd’hui, l’emploi d’un assistant médical permet au médecin une organisation optimisée et le suivi de 10% de patients supplémentaires en moyenne », a notamment déclaré Thomas Fatôme, directeur général de l'assurance maladie. 

45 millions d’euros pour les maisons de santé

Pour compléter ce dispositif, le gouvernement a aussi promis de débloquer 45 millions d'euros sur trois ans pour construire de nouvelles maisons de santé pluriprofessionnelles, l'objectif étant d'en disposer 4.000 à l'horizon 2027. Objectif attendu : attirer de nouveaux professionnels de santé dans ces MSP, en facilitant les conditions d'exercice, grâce notamment à une mutualisation des charges administratives, et à des échanges interprofessionnels facilités entre médecins et soignants, présents sur la même structure. 

Des CPTS sur tout le territoire

Le développement des CPTS est une autre solution développée par la tutelle pour contrer le développement des déserts médicaux. Les CPTS devraient couvrir l'ensemble du territoire d'ici la fin de cette année, selon les vœux pieux du ministère de la santé. Les CPTS sont des réseaux de soignants qui s'engagent à prendre en charge la santé des patients sur un territoire de santé, que ces professionnels de santé travaillent en exercice coordonné ou en exercice isolé. La ministre des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a récemment finalisé un tour de France des CPTS, pour en évaluer leur impact, et les faire connaitre auprès des professionnels de santé. 

100 médicobus

Enfin, à destination des territoires ruraux, le ministère de la santé place tous ses espoirs dans le déploiement de 100 médicobus. Un médicobus est « une solution mobile de santé qui sillonne les routes des territoires en manque de médecins “afin d’apporter une offre de soins de proximité”. À son bord, un professionnel médical et tout le matériel nécessaire pour réaliser les mêmes actes que dans un cabinet “classique” », explique le ministère de la Santé. Des médicobus circulent actuellement, notamment en région Normandie, qui fut pionnière en la matière. 

Critique de l’UFMLS

Reste que ces solutions n'ont pas eu l'air de convaincre les médecins libéraux, en particulier ceux affiliés au syndicat UFMLS présidé par le Dr Jérôme Marty, qui a ironisé dans une série de tweets 2 au sujet de ces solutions gouvernementales aux déserts médicaux : « Des CPTS sur tout le territoire d’ici fin 2023 (rien de neuf et ne résout rien puisque pas d’augmentation du nombre de soignants), pensée magique [...] des bus santé. Un drôle de concept petit bras, si on ne met pas les moyens c’est à dire des bus avec imagerie , biologie et consultations en présentiel [...] 6.000 assistants de plus financés afin que chaque médecin puisse “augmenter sa file active”  et voir plus de patients : la médecine 5 min douche comprise [...]. Multiplier les MSP maisons de santé pluri professionnelles, les murs n’ont jamais rien résolu , si je construis une gare dans le désert cela ne fera pas venir le train ! »