Quelle place aujourd’hui pour les tests sérologiques dans la lutte contre le COVID-19 ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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La place des tests sérologiques dans la lutte contre le COVID-19 a été définie par la Haute autorité de santé (HAS) il y a plus d’un an. La situation et les connaissances ayant évolué, la HAS vient d’actualiser ses recommandations à ce sujet.

Diagnostic

En première intention, les tests sérologiques permettent de savoir si une personne non vaccinée a déjà été infectée par le SARS-CoV-2 et a développé des anticorps. Ainsi, la HAS estime que la détection d’anticorps sériques, par méthode automatisable et/ou test diagnostique rapide (TDR) ou test rapide d’orientation diagnostique (TROD), est indiquée dans quatre situations :

  • Diagnostic initial de patients symptomatiques graves hospitalisés, en cas de tableau clinique ou scanographique évocateur d’infection par le SARS-CoV-2 et de test RT-PCR négatif ;
  • Diagnostic de rattrapage de patients symptomatiques graves hospitalisés, mais n’ayant pas pu faire l’objet d’un test RT-PCR avant sept jours ;
  • Diagnostic initial de patients symptomatiques sans signe de gravité suivis en ville en cas de tableau clinique évocateur d’infection par le SARS-CoV-2 et de test RT-PCR négatif ;
  • Diagnostic de rattrapage de patients présentant des symptômes évocateurs d’une infection par le SARS-CoV-2 (y compris des symptômes prolongés de COVID-19) sans signe de gravité pour lesquels un diagnostic biologique initial n’a pas été établi.

Pour les patients symptomatiques graves hospitalisés, le test sérologique peut être réalisé à partir du 7ème jour qui suit l’apparition des symptômes et pour les patients symptomatiques sans signe de gravité, à partir du 14ème jour.

Dépistage pré-vaccinal

Récemment, la HAS a émis une nouvelle recommandation préconisant qu’un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) sérologique soit proposé, au moment de la 1ère injection d’un vaccin contre le SARS-CoV-2, aux personnes immunocompétentes, sans facteur de risque de développer une forme grave de la maladie (jeunes adultes) et sans antécédent connu ou confirmé d’infection au SARS-CoV-2 (voir article univadis : « Primovaccination COVID-19 : pourquoi la HAS recommande désormais la réalisation  d’un TROD sérologique ? »). L’objectif est d’identifier les personnes ayant déjà été infectées par le SARS-CoV-2 et qui l’ignorent : elles n’ont alors besoin que d’une seule dose de vaccin. Dans cette indication, les tests sérologiques utilisés doivent détecter les IgG ou les Ig totales.

Dépistage post-vaccinal chez les personnes immunodéprimées

L’efficacité vaccinale étant moindre chez les personnes immunodéprimées, il est actuellement recommandé de leur administrer une 3ème dose. On pourrait alors envisager qu’une sérologie post-vaccinale soit faite après la 2ème dose pour décider de la pertinence de cette troisième dose, mais la HAS estime qu’un test positif pourrait s’avérer faussement rassurant sur la protection effective. En effet, il n’est pas possible aujourd’hui de définir une valeur-seuil de taux d’anticorps permettant d’assurer une protection, d’autant plus qu’une sérologie simple réalisée en routine ne permet pas de quantifier le taux d’anticorps neutralisants. De plus, la réponse humorale n’est pas la seule à entrer en jeu, la réponse immune cellulaire étant également déterminante dans la réponse aux vaccins contre le COVID-19.

Ainsi, la HAS estime que « la décision de proposer une dose supplémentaire aux personnes immunodéprimées ne peut, à ce stade, être conditionnée au résultat négatif d’une sérologie post-vaccinale ». De la même façon, l’utilisation de sérologies pour rassurer sur une bonne protection après leur vaccination n’est pas pertinente et il n’y a donc pas lieu de recommander une sérologie post-vaccinale chez les patients immunodéprimés.

« La HAS souligne l’importance de poursuivre les recherches portant sur la définition des corrélats de protection, sur les différents schémas alternatifs possibles de vaccination chez les immunodéprimés et sur la standardisation internationale des tests sérologiques ».

Des sérologies non pertinentes

Étant donné que les résultats des tests sérologiques ne permettent pas de statuer sur un niveau de protection ni sur sa durée dans le temps, la HAS estime que la réalisation d’un test sérologique n’est pas pertinente pour les indications suivantes :

  • Diagnostic initial d’un patient symptomatique présentant ou non des signes de gravité pour lequel l’examen clinique et la RT-PCR ont été réalisés lors de la première semaine après apparition des symptômes et sont concordants ;
  • Test des personnes-contacts d’un patient confirmé ou suspecté ;
  • Suivi des patients atteints de COVID-19 ; entrée ou sortie hospitalière ;
  • Dépistage systématique des groupes professionnels ;
  • Dépistage chez les patients à risque de forme grave de COVID-19 ;
  • Obtention du pass sanitaire (ce dernier ne pouvant être obtenu sur la base d’une sérologie sans vaccination) ;
  • Suivi de la séropositivité (tests itératifs).

En fonction de l’évolution des connaissances, la HAS sera susceptible de compléter ou de modifier ses recommandations sur l’indication des tests sérologiques.