Quelle est la proportion de personnes transgenres ou de « genre non conforme » ?

  • Goodman M & al.
  • Endocrinol Metab Clin North Am

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Depuis quelques années, plusieurs revues et études se sont intéressées à la population des personnes qui se désignent comme transgenre ou de genre non conforme au genre qui leur a été assigné à la naissance. Parmi ces personnes, quatre catégories sont considérées dans l’article : 

  • les individus qui ont reçu ou demandent à recevoir un traitement chirurgical et/ou hormonal leur permettant d’affirmer un genre différent de celui qui leur a été assigné à la naissance ;
  • les personnes qui ont reçu un diagnostic lié aux transgenres (transexualisme, dysphorie de genre, trouble de l’identité de genre) ;
  • les personnes qui s’auto-déclarent être de genre non conforme
  • les personnes qui ont eu un changement légal ou administratif de nom ou de sexe.

Les personnes ayant eu une thérapie de réassignation de genre

Selon les études disponibles (n=7), la proportion de personnes recevant un traitement pour réassignation de genre varie de 1 à 35 pour 100.000 individus. Cette évaluation porte sur une période de 50 ans, sur des études de qualité inégale et issues de pays différents. Deux études (menées à Amsterdam) ont plus spécifiquement évalué la proportion de sujets recevant un traitement hormonal pour vivre leur identité de genre. À partir de données collectées en 1986 dans une clinique spécialisée à Amsterdam, il a été estimé que 8,4/100.000 individus assignés de sexe masculin et 3,3/100.000 sujets assignés de sexe féminin à la naissance  seraient sous traitement hormonal aux Pays-Bas, en 1990,  

Les personnes répondant aux critères diagnostiques de transgenre et de genre non conforme

  • Les données disponibles dans la littérature internationale permettraient d’estimer qu’entre 0,7 et 28/100.000 individus entreraient dans cette catégorie. Une étude a utilisé les données médicales de la Veterans Health Administration entre 2000 et 2011. En 2002, la proportion de sujets ayant reçu le diagnostic de trouble de l’identité de genre serait de 12,5/100.000 individus et la proportion serait passée à 22,9/100.000 en 2011. L’inclusion du diagnostic de « transexualité » en 2013 a fait porter l’estimation à 32,9/100.000.

Proportion de personnes s’auto-définissant comme transgenre ou d’identité de genre non conforme

  • Sur une population américaine de 28,662 adultes interrogés entre 2007 et 2009, 0,5% ont répondu qu’ils se sentaient transgenre, c’est-à-dire qu’il ressentaient une identité de genre différente de celle qui leur avait été assignée à la naissance. Les données étaient similaires (0,53%) sur une population interrogée en 2014. Sur la base de ces estimations, 600/100.000 individus pourraient s’auto-déclarer de genre non conforme aux États-Unis. D’autres études ont montré des résultats plus faibles lorsque la possibilité d’indiquer « non binaire » était proposée, ce qui montre bien qu’il faut tenir compte de toutes ces subtilités.
  • Selon les réponses proposées dans les questionnaires « Je ressens être une femme », « je ressens être un homme », « je voudrais être souvent/parfois du sexe opposé » les chiffres sur l’incongruence de genre peuvent être multipliés par plus de 6. Une autre étude rapporte que 0,5% d’une population de 50,157 adultes suédois désireraient pouvoir bénéficier d’un traitement hormonal de réassignation de genre. 
  • Pour les adolescents, parmi les données les plus récentes, une enquête menée en 2016 (n=80.929) a montré que 2,7% des sujets interrogés rapportaient se sentir du genre opposé à leur sexe assigné à la naissance, avec un ratio de 1:2 pour l’assignation à la naissance garçon : fille. 

Proportion de personnes demandant un changement légal de nom ou de genre

  • Sur la base d’une étude allemande, 3,8/100.000 individus auraient demander un changement légal de nom ou de genre en 2000, avec respectivement 4,95 et 2,87/100.000 pour les individus assignés garçon ou fille à la naissance.

Quelles sont les évolutions dans le temps ?

Toutes les études ont montré une augmentation de la proportion des sujets se sentant de genre non conforme durant les dernières décennies. Bien que les données soient limitées, une analyse a suggéré que la proportion de sujets se déclarant de genre non conforme aurait augmenté de 0,026% entre 2007 et 2015. Autre information, l’âge moyen de la chirurgie de réassignation de genre aurait diminué de 40 ans en 1994 à 27 ans en 2015.