Quelle est l’utilisation de la grille de repérage des troubles neurodéveloppementaux ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • L'utilisation de la grille de repérage des troubles du neurodéveloppement (TND), développée en 2019 par des experts français pour un usage en pratique clinique, conduit à une prévalence d’enfants repérés comme étant à risque qui est conforme à l’incidence des TND rapportée dans la littérature.
  • Ce résultat obtenu à partir d’une enquête auprès de médecins volontaires confirme que le sexe masculin et un environnement socio-économique défavorable sont deux principaux facteurs de risque de présenter un score anormal dans le cadre de cette évaluation.
  • Il serait désormais intéressant de suivre une cohorte d’enfants ayant fait l’objet d’un suivi de la trajectoire développementale afin d’évaluer la performance diagnostique de cette grille. Les auteurs concluent que « l'intégration de cette grille au carnet de santé serait une solution pour faciliter et encourager son utilisation. »

Pourquoi est-ce important ?

La prévalence des TND varie de 5 à 15% selon la définition retenue. Si les principaux facteurs de risque sont identifiés -prématurité, retard de croissance intra-utérin, infections néonatales-, des facteurs environnementaux -vulnérabilité socio-économique ou psycho-affective– pourraient aussi être impliqués. Leur repérage et les interventions précoces peuvent aider à limiter le handicap et améliorer la trajectoire développementale de ces enfants. Les professionnels de santé en soins primaires sont invités à repérer les enfants concernés. Dans le cadre de la stratégie nationale autisme au sein des TND 2018-2022, une grille de repérage à été proposée par un groupe d'experts pluridisciplinaire afin de faciliter le travail de repérage en soins primaires. Ce guide de repérage des signes inhabituels de développement chez les enfants de moins de 7 ans, disponible depuis 2019, rassemble signes d'alerte, facteurs de haut risque et comportements particuliers. Les grilles mises à disposition en ligne sont adaptées à l’âge de l’enfant. Les autorités préconisent leur utilisation par les praticiens et un adressage des enfants à une consultation spécialisée en présence de deux anomalies dans deux domaines différents du questionnaire jusqu’à 3 ans (3 dans au moins deux domaines à 4 ans). Quoi qu’il en soit, ces grilles n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation. Pour y remédier, des chercheurs ont voulu apprécier leur utilisation pratique.

Méthodologie

Cette étude transversale multicentrique a inclus tous les enfants de 6 mois à 4 ans qui consultaient l’un des 24 médecins généralistes (en Auvergne-Rhône-Alpes et en Île-de-France) ayant accepté de participer à l’étude entre avril 2021 et mars 2022. Les praticiens, qui exerçaient dans un cabinet individuel, un centre de santé ou une maison de santé, devaient remplir systématiquement la grille et un questionnaire au sujet de l’enfant : données sociodémographiques, environnementales, langues parlées au domicile, antécédents médicaux personnels, temps d'exposition aux écrans. Une vingtaine d’enfants ont par ailleurs été inclus en consultation de premier recours aux urgences.

Principaux résultats

Au total, 564 enfants ont fait l’objet d’une évaluation (53% de garçons, 67% issus de mères ayant un niveau d’études supérieur ou égal au bac, 25% d’enfants bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire ou de l'Aide médicale d’État).

La prévalence des troubles, estimée sur la présence de deux items dans deux domaines différents, était de 3,9% des enfants, avec un chiffre plus élevé chez les garçons (5,37% vs 2,26% chez les filles). Les taux les plus élevés ont été trouvés parmi les enfants les plus âgés (9,7% à 3 ans et 8,2% à 4 ans). Le chiffre était de 14,3% lorsqu’un seul critère était considéré. 

L’analyse multivariée a montré que les facteurs de risques associés à la présence d'un signe d'alerte de TND étaient le sexe masculin (Odds ratio (OR) 2,10 [1,22-3,62]) et un niveau socio-professionnel défavorisé de la mère (OR 2,23 [1,05−4,70]). Le temps d’écran n’apparaissait pas comme étant un paramètre associé.