Quelle efficacité pour les antidépresseurs dans le sevrage tabagique ?

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Cette méta-analyse en réseau montre, avec un niveau de preuve faible à modéré, que les antidépresseurs peuvent être une option intéressante pour obtenir un sevrage tabagique.
  • Par rapport à un placebo, la plupart d’entre eux apportent un bénéfice en termes de sevrage à 6 mois, seuls ou en association.
  • Les associations donnent de meilleurs résultats, la combinaison varénicline/bupropion semblant être supérieure aux autres, mais d’autres études sont attendues pour évaluer la sécurité et la tolérance de ces molécules avec un plus haut niveau de certitude.

Pourquoi est-ce important ?

Plusieurs interventions médicamenteuses ont apporté la preuve de leur efficacité dans le sevrage tabagique et sont commercialisées en Europe et aux États-Unis : le traitement nicotinique de substitution, le bupropion et la varénicline. Des études récentes ont montré que la nicotine pourrait avoir un effet antidépresseur et que certains antidépresseurs pourraient avoir un effet sur les voies neurologiques impliquées dans la dépendance à la nicotine. Mais les résultats d’évaluation des antidépresseurs dans ce domaine restent contradictoires. Une équipe chinoise a eu recours à une méta-analyse en réseau pour comparer de manière indirecte l’efficacité de différents antidépresseurs dans le sevrage tabagique.

Méthodologie

Les essais contrôlés randomisés ayant évalué des antidépresseurs dans le sevrage tabagique ont été recherchés dans 5 bases de données et inclus dans une méta-analyse en réseau. L’outil de la Cochrane a été utilisé pour évaluer le risque de biais et CINeMA pour évaluer le niveau de certitude.

Principaux résultats

L’étude a pu inclure 107 essais contrôlés randomisés représentant 42.744 fumeurs d’un âge moyen variant de 17 à 70 ans, la plupart d’entre eux fumant plus de 10 cigarettes par jour. La majorité de ces essais avaient été conduits aux États-Unis (n=74) et portaient sur des sujets sains (n=79). Les durées de traitement variaient de 7 à 14 semaines et les durées de suivi de 12 à 52 semaines. Sur l’ensemble de ces essais, 18 interventions avaient été évaluées : 12 monothérapies et 6 associations. Seuls 7 avaient un faible risque de biais.

Selon les résultats de la méta-analyse en réseau, plusieurs interventions ont eu un effet bénéfique sur le sevrage tabagique par comparaison au placebo à 6 mois : l’association varénicline/bupropion (OR 3,53 [2,34-5,34]), sélégiline/substitut nicotinique (SN) (OR 3,78 [1,20-11,92]), nortriptyline/SN (OR 2,33 [1,21-4,47]), nortriptyline seule (OR 1,58 [1,11-2,26]), naltrexone/bupropion (OR 3,84 [1,39-10,61]), bupropion/SN (OR 2,29 [1,87-2,81]) et le bupropion seul (OR 1,70 [1,53-1,89]).

Par rapport aux monothérapies, l’association varénicline/bupropion et l’association bupropio/SN obtenaient de meilleurs résultats en termes d’abstinence à 7 jours post-sevrage.

Selon les calculs statistiques, l’association varénicline/bupropion avait la plus forte probabilité d’être la meilleure intervention en termes d’obtention d’un sevrage tabagique à 6 mois.