Quelle association entre les régurgitations du nourrisson et les migraines, céphalées de tension dans l’enfance ?

  • Lenglart L & al.
  • Eur J Pediatr

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

●Une étude a investigué l’association entre troubles gastro-intestinaux chez le nourrisson et la survenue de migraines ou de céphalées de tension dans l’enfance. Celle-ci montre 

●Il s’agit de la première étude ayant mis en évidence ces associations. Ces résultats pourraient contribuer à faire évoluer le diagnostic et la prise en charge thérapeutique d’une part des migraines pédiatriques, et d’autre part des régurgitations chez le nourrisson.

 

Pourquoi est-ce important ?

La prévalence de la migraine chez l’enfant est estimée à 9,1%. Les régurgitations du nourrisson surviennent chez 40 à 50% d’entre eux, avec un pic vers le 4ème mois. Des associations ont été mises en évidence entre migraine et troubles fonctionnels gastrointestinaux chez l’adulte, en revanche les données chez l’enfant sont plus rares. 

 

Méthodologie

Cette étude cas-témoins a inclus 195 enfants de cinq hôpitaux pédiatriques européens, âgés de 6 à 17 ans ayant des maux de tête de type migraine ou céphalées de tension. Le groupe contrôle était composé de 240 enfants de même âge ayant eu des blessures mineures au cours de la période de l’étude (1er février 2020-1er décembre 2020). Les parents de ces enfants ont répondu à un questionnaire spécifique pour identifier les antécédents de régurgitations et autres troubles gastro-intestinaux. 

 

Principaux résultats

Sur les 195 cas d’enfants ayant des maux de tête, 38% avaient reçu le diagnostic de migraine, dont 82% sans aura, 18% avec, et 6% avaient des céphalées de tension. 

Sur l’ensemble des enfants migraineux, 37,9% avaient des antécédents de régurgitations infantiles, contre seulement 18,8% des enfants du groupe contrôle. Ainsi le risque de migraines était 88% plus élevé chez les enfants qui avaient eu des régurgitations dans leur petite enfance (odds ratio 1,88 [1,01-3,40], p=0,04).

En revanche, aucune association n’a été retrouvée entre les régurgitations chez le nourrisson et les céphalées de tension.

Une analyse en sous-groupe a permis de préciser que l’association entre régurgitations infantiles et migraines n’était significative que pour les migraines sans aura (40,3% de régurgitations infantiles chez les enfants versus 27,6% chez ceux ayant des migraines avec aura). Le risque de migraine sans aura était multiplié par un facteur 2,3 chez les enfants qui avaient eu des régurgitations infantiles (OR 2,3 [1,2-4,4], p=0,01).

Une autre analyse en sous-groupe a permis de mettre en évidence que la présence d’une dyspepsie fonctionnelle, d’un syndrome du côlon irritable et de douleurs abdominales était associée à la migraine sans aura.

Le fait d’être un garçon semblait être un facteur protecteur contre la migraine avec aura, mais pas de migraine sans aura ou des céphalées de tension.

Les antécédents familiaux au premier degré de migraine augmentaient d’un facteur 12 le risque pour l’enfant de développer des migraines avec ou sans aura, mais n’avait aucun impact sur le risque de développer des céphalées de tension.

Les auteurs évoquent que des phénomènes multifactoriels pourraient être impliqués : Anomalies de la motilité gastrique, troubles de l’accommodation gastrique et hypersensibilité viscérale sont tous liés à la dyspepsie fonctionnelle et à la migraine et pourraient constituer une clé de compréhension. Les auteurs évoquent également l’implication de l’hypersensibilité viscérale, des modifications du microbiote via des phénomènes inflammatoires. Ces premiers résultats invitent à poursuivre les recherches sur le sujet. 

 

Principales limitations

Étude cas-témoins, menée sur une petite cohorte.