Quel est le risque d’hémopathie maligne après cancer du sein ?
- Jabagi MJ & al.
- JAMA Netw Open
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
En comparant les données d’une population de plus de 400.000 femmes ayant survécu à un cancer du sein à celles de la population générale, des chercheurs français ont estimé le sur-risque d’hémopathies malignes dans les 5 ans suivant le diagnostic de cancer du sein. Le risque de développer une leucémie myéloïde aiguë (LMA) a été multiplié par 2,8 et le risque de syndrome myélodysplasique (SMD) par 5 par rapport à la population générale. Un risque probablement lié à la chimiothérapie/radiothérapie ou à l’utilisation de GM-CSF. Mais le risque d’hémopathie lymphoïde a également été augmenté, bien que dans une moindre mesure, notamment pour les leucémies lymphoïdes aiguës et lymphomes lymphocytiques (LLA/LL), et les myélomes multiples (MM). Ces résultats soulignent la nécessité d’une surveillance régulière de ces pathologies chez les femmes ayant été traitées pour un cancer du sein et incitent à de nouvelles investigations pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques sous-jacents (traitements, prédispositions génétiques, etc.).
Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?
Avec l’amélioration du pronostic des femmes traitées pour un cancer du sein, le nombre d’hémopathies malignes qui apparaissent dans les années suivant le diagnostic connaît une forte augmentation. Le risque de d’hémopathies myéloïdes, LMA et SMD, est fortement augmenté et a focalisé l’attention. Mais le risque d’autres hémopathies malignes, notamment lymphoïdes, a été peu exploré. Cette équipe française vient d’estimer l’incidence de différentes hémopathies malignes chez les femmes ayant survécu à un cancer du sein à partir des données du système national des données de santé.
Méthodologie
Près de 440.000 nouveaux cas de cancer du sein ont été identifiés entre juillet 2006 et décembre 2016 chez des femmes âgées de 20 à 85 ans, soit une moyenne de 46.000 nouveaux cas par an. Après leur inclusion, ces femmes ont été suivies jusqu’à l’apparition d’un cancer ou leur décès. L’incidence de différentes hémopathies malignes déclarées au moins 6 mois après un diagnostic de cancer du sein, a été mesurée dans cette population et comparée à celle observée dans la population générale.
Résultats
- Les femmes ayant eu un cancer du sein incluses dans l’étude avaient un âge médian de 59 ans et ont été suivies sur une durée médiane de 5 ans. Le taux de survie était de 89% à 5 ans et de 79,3% à 10 ans.
- Durant cette période, des hémopathies malignes sont apparues chez plus de 3.000 d’entre elles.
- Parmi les hémopathies myéloïdes, il s’agissait de LMA dans 16,7% des cas, de SMD (27,3%), et de néoplasies myéloprolifératives (NMP, 8,8%).
- Parmi les hémopathies lymphoïdes figuraient des MM (13,8%), des lymphomes hodkiniens ou non hodkiniens (LH/LNH, 29,9%), ainsi que des LLA et LL (3,5%).
- Lors du diagnostic de ces hémopathies, l’âge médian variait de 59,5 ans pour les LLA/LL à 72 ans pour les SMD. Et le temps médian entre le diagnostic de cancer du sein et celui de l’hémopathie variait de 2,4 ans pour les LMA à 3,3 ans pour les NMP, bien que ces chiffres cachent des profils d’évolution de risque très différents en fonction du temps selon les hémopathies considérées. Par exemple, l’incidence annuelle de LMA augmentait au cours de la première année suivant le diagnostic de cancer du sein, atteignait un pic à 3 ans et un second 8 ans plus tard.
- Par comparaison à la population générale, l’incidence de SMD et de LMA était beaucoup plus élevée chez les femmes ayant survécu à un cancer du sein, avec un taux d’incidence standardisé (TIS) de 5,0 [4,4-5,7] et de 2,8 [2,5-3,2] respectivement. Une augmentation de l’incidence était également observée, mais de façon moins importante, pour les LLA/LL (TIS : 2,0 [1,3-3,0]) et les MM (1,5 [1,3-1,7]). Enfin, les NMP et les LH/LNH ne montraient pas d’incidence plus élevée après un cancer du sein que la population générale.
Limitations
Absence de validation clinique externe des hémopathies malignes et des cancers du sein.
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