Quel est le pronostic vital en cas de rechute de cancer du sein triple négatif métastatique ?
- Nathalie BARRÈS
- Actualités Congrès
À retenir
- Des données en vraie vie sur une large cohorte de femmes atteintes de cancer du sein triple négatif métastatique apportent des preuves solides du pronostic sombre et de la résistance accrue aux traitements en cas de rechute précoce.
- Ces données mettent en évidence le besoin médical majeur non satisfait de ce sous-groupe de patientes.
- Les auteurs évoquent que « la stabilité des taux de rechute précoce et tardive entre 2008 et 2020 n’est pas en faveur d’une éventuelle anticipation des traitements ».
Pourquoi est-ce important ?
Le cancer du sein dit « triple négatif » défini par l’absence d’expression des récepteurs aux œstrogènes et à la progestérone, et par l’absence de surexpression de la protéine HER2 ou d’amplification génique, demeure le sous type de cancer du sein le plus agressif. L’absence de facteur génomique récurrent identifié s’accompagne d’un défaut de traitement ciblé spécifique. Les métastases à distance surviennent principalement dans les viscères (cerveau, poumon, foie). Les données en vie réelle permettent de décrire les patientes, les traitements et les résultats pour des populations souvent sous-représentées dans les essais cliniques.
Méthodologie
Tous les sujets ayant reçu le diagnostic de rechute de cancer du sein triple négatif métastatique entre 2008 et 2020, après un traitement néoadjuvant/adjuvant à base de taxane et/ou d’anthracycline, ont été inclus. Une rechute précoce était définie par un diagnostic de métastases dans les 12 mois après la fin du traitement néoadjuvant/adjuvant à base de taxanes et/ou d’anthracycline. La survie globale (SG) et la survie sans progression de la maladie (SSP) sous traitement de première ligne ont été évaluées et comparées entre les patientes ayant eu une rechute précoce et tardive (≥12 mois).
Principaux résultats
Sur une population totale de 30.459 femmes ayant initié un traitement pour un cancer du sein triple négatif métastatique, 1.926 ont eu une rechute de cancer du sein métastatique après avoir reçu un traitement néoadjuvant/adjuvant à base de taxanes et/ou anthracyclines et étaient éligibles pour l’étude. Parmi elles, 45,7% ont eu une rechute précoce. Celles-ci étaient significativement plus jeunes (51 ans versus 56 ans), avaient moins souvent une mutation germinale BRCA1/2 au moment du diagnostic métastatique (5,6% versus 7,6%) et avaient une tumeur primaire plus grosse (T3/T4 49,6% versus 31,5%) et un envahissement ganglionnaire plus important (N2/N3 23,1% versus 8,7%), et un peu moins de sites métastatiques que celles qui avaient eu une rechute tardive. En revanche, le type d’atteinte métastatiques était similaire (17% cérébrales, 51-54% viscérale).
Les femmes atteintes de cancer du sein triple négatif métastatique en rechute précoce avaient eu autant de chance d’avoir été incluses dans un essai clinique pour leur traitement métastatique de première ligne que les autres (17%).
Le taux de rechute précoce s’est avéré être assez stable dans le temps entre 2008 et 2020.
La durée médiane de suivi pour l’ensemble de l’échantillon était de 57,6 mois. La survie globale médiane était de 10,1 mois [9,3-10,9] pour les patients ayant eu une rechute précoce et de 17,1 mois [15,7-18,2] mois pour celles ayant eu une rechute tardive (hazard ratio (HR) 1,70 [1,54-1,88], p<0,001). La survie médiane sans progression de la maladie était de 3,1 mois [2,9-3,4] et de 5,3 mois [5,1-5,8] respectivement (HR 1,60 [1,46-1,75], p<0,001).
En analyse multivariée, sur l’ensemble de la population, l’âge au diagnostic du stade métastatique, le nombre de sites métastatiques au diagnostic, la présence de métastases viscérales et l’exposition aux taxanes en traitement néo/adjuvant, étaient des facteurs indépendamment associés à la survie médiane globale.
En analyse multivariée, le délai avant la rechute (0-6 mois versus 6-12 mois) et le nombre de sites métastatiques se sont révélés être des facteurs pronostiques indépendants de survie sans progression.
Financement
Étude financée par un consortium industriel (Roche, Pfizer, AstraZeneca, MSD, Eisai et Daiichi Sankyo).
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