Quel bilan des dons de plasma issus d’hommes ayant des relations avec des hommes ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude française rétrospective menée sur 2016-2022 à partir des dons de plasma mis en quarantaine issus de donneurs hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH), le taux d'exclusion pour comportement à risque était plus élevé que dans la population générale de donneurs. 

  • Certains biomarqueurs infectieux semblent supérieurs, mais sujets à caution étant donné la taille de l’effectif. Il semble toutefois que les données en faveur d’une sérologie tréponémique positive soient plus solides.

  • Parce qu’en mars 2022, les critères d’exclusion ont encore évolué, de nouvelles études seraient nécessaires pour confirmer l’absence de sur-risque infectieux.

Pourquoi est-ce important ?

Historiquement, le don de sang des HSH était interdit. A partir de juillet 2016, le don a été autorisé moyennant des périodes d'abstinence sexuelle fixées à 12 mois, puis réduite à réduite à 4 mois en 2020, pour être finalement supprimée en mars 2022. Entre 2016 et 2022, le don de plasma a été autorisé avec mise en quarantaine sur cette même période. Ces changements ont été basés sur des analyses de risques montrant notament un risque résiduel d'infection par le VIH très faible et inférieur à celui existant en population générale non donneuse.

Désormais, les seuls critères d’exclusion reposent d’une part sur l'ajout d'une question relative à la prise de traitements pour prévenir l'infection à VIH (prise de prophylaxie préexposition (PrEP) ou de prophylaxie postexposition (PEP) dans les 4 derniers mois), qui imposent une durée d’ajournement de 4 mois et d’autre part sur les comportements à risque (rapport(s) sexuel(s) avec plus d'un partenaire dans les 4 derniers mois, ou en échange d'argent ou de drogue) indépendamment de l’orientation sexuelle. Cette étude présente donc l’évolution des données relatives aux personnes ayant été écartées du don et celles relatives aux marqueurs infectieux présents dans les dons des donneurs HSH mis en quarantaine entre juillet 2016 et mars 2022.

Méthodologie

L’étude a été menée sur l’analyse d’environ 2,8 millions de dons annuels collectés auprès de 1,6 million de donneurs, dont environ 2,4 millions de dons de sang total, 300 000 dons de plasma d'aphérèse et 100.000 dons de plaquettes/plasma d'aphérèse. La plupart du plasma (source ou issu de sang total) est mis en quarantaine jusqu'à un nouveau test du même donneur dans les 2 à 5 mois suivants. À défaut, le plasma en quarantaine était réorienté vers le fractionnement. Tous les dons ont été dépistés pour les infections à VIH, VHA, VHB, VHC, HTLV-1, syphilis, parvovirus, et le VHE pour les receveurs à haut risque.

Principaux résultats

Entre juillet 2016 et mars 2022, un total de 8.843 donneurs HSH ont fait 12.250 démarches de don de plasma, avec un taux d’ajournement de 75,2%, principalement par absence sur site de capacité ou de disponibilité d’une aphérèse (principalement des dons sur des sites mobiles). Parmi eux, 12,1% présentaient des critères de refus liés à des comportements sexuels à risque (vs 1% parmi les autres donneurs). Cependant, parmi eux, le motif de refus pour cause de partenaires multiples dans les 4 derniers mois était aussi fréquent que parmi les autres donneurs.

Parmi les 2.880 dons de plasma sur la période, un don s'est révélé séropositif pour le VIH et un autre pour le VHB. Le risque relatif (RR) pour chacune de ces infections était ainsi significativement plus élevé que celui parmi la population générale de donneurs, mais la prudence s’impose, étant donné qu’il s’agissait de deux cas uniques. Aucun don n'était positif pour le VHC et un don a été trouvé positif au VHA en juillet 2017, contemporain à une épidémie française.

Par ailleurs, 21 dons ont été positifs pour la syphilis, et jugée très récente ou récente (soit <3 mois ou <3 ans ) chez 2 et 6 donneurs, se traduisant par des RR bien supérieurs dans la population HSH par rapport à la population globale de donneurs (RR des donneurs 45,9 [29,8-70,5]) ou par rapport aux autres primo-donneurs masculins (RR 19,2 [12,4-29,6]).

Aucun donneur HSH de retour après un don de plasma en quarantaine n'a présenté de séroconversion pour le VIH, le VHB et le VHC. Seules deux séroconversions pour la syphilis ont été identifiées pour les deux infections identifiées comme étant très récentes lors du premier.