Que sait-on des conséquences de l’exposition in utero aux agents biologiques ?

  • Actualités Médicales
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À retenir

  • La base de données VigiBase®, la plus large base de données de pharmacovigilance existante au niveau mondial, souligne l’existence d’un signal significatif de risque de troubles musculosquelettiques lors de l’exposition in utero à l’anakinra, le canakinumab et l’abatacept et de troubles du système immunitaire post-exposition in utero au canakinumab et au rituximab.
  • L’analyse révèle également un signal de risque d’infections néonatales en cas d’exposition au belimumab.

Pourquoi est-ce important ?

Les femmes sont plus souvent concernées par les maladies inflammatoires ou auto-immunes nécessitant le recours aux agents biologiques. Compte tenu de leur efficacité sur le contrôle de la maladie et la qualité de vie, de nombreuses patientes continuent à les utiliser durant leur grossesse. Or, les femmes enceintes étant habituellement exclues des essais cliniques, peu de données existent sur les risques liés à l’exposition in utero aux agents biologiques. D’où l’intérêt de ces données.

Méthodologie

Une analyse de la base de données de pharmacovigilance VigiBase® de l’OMS, recueillant les données de pharmacovigilance entre 1968 et 2021 a été réalisée. Les agents biologiques considérés étaient les suivants : adalimumab, infliximab, golimumab, certolizumab, étanercept, anakinra, canakinumab, tocilizumab, sarilumab, ustekinumab, guselkumab, secukinumab, ixekizumab, belimumab, abatacept et rituximab.

Les effets indésirables fœtaux et néonataux suivants ont été recherchés : mortinatalité, naissance prématurée, faible poids à la naissance, petite taille à la naissance par rapport à l’âge gestationnel, malformations congénitales. Il s’agit d’une analyse de disproportionnalité, c’est-à-dire une analyse à l’interface entre la pharmacovigilance et la pharmacoépidémiologie permettant de détecter des signaux précoces de disproportionnalité pour des effets indésirables spécifiques. Les rapports d’exposition concomitante à un agent tératogène ont été exclus (dans les analyses principales) ainsi que les cas exposés aux stéroïdes (dans les analyses secondaires).

Principaux résultats

Après exclusion des cas individuels d’événements indésirables en lien avec l’exposition du père ou lors de l’allaitement, 190.023 cas individuels d’événement indésirables survenus entre jusqu’au 1er juin 2021 ont été retenus, parmi lesquels, 9.636 concernaient l’exposition à au moins l’un des traitements considérés.

Un signal élevé de risque de malformations musculo-squelettiques a été mis en évidence lors de l’exposition in utero à l’anakinra, le canakinumab et l’abatacept. Un risque de troubles du système immunitaire a été de son côté observé en lien avec l’exposition in utero au canakinumab et aurituximab.

Après exclusion des cas exposés concomitamment aux stéroïdes, un signal de risque significatif d’infections néonatales post-exposition in utero au belimumab a été mis en évidence.

Ces données doivent maintenant être confirmées par d’autres études.