Que nous apporte le registre GISEA en termes d’incidence des cancers sous anti-TNF ?

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Cette étude apporte des données complémentaires à celles déjà disponibles en évaluant une population atteinte de spondyloarthrite traitée par trois anti-TNF différents (infliximab (INF), étanercept (ETN), adalimumab (ADA)) sur une période prolongée (12 ans). 

  • 50 individus de l’ensemble de la population traitée par anti-TNF suivie ont développé au moins l’un des 56 cancers prédéfinis, dont 28% sont apparus dans les 12 premiers mois. 
  • Ainsi, l’incidence globale était de 6,3/1.000 années-patients (7,3 sous ADA, 6,1 sous ETN, 5,8 sous INF) contre 5,1/1.000 années-patients dans la population générale. Les sites de cancer les plus fréquemment décrits étaient le poumon, le sein, le côlon-rectum et l’appareil génital. 
  • Le délai médian avant instauration du traitement par anti-TNF après un cancer, était de cinq ans. 
  • Aucune différence entre les trois anti-TNF n’a été mise en évidence. 

Cependant, ces résultats ne permettent pas de déterminer si le sur-risque de cancer identifié sous anti-TNF est dû au traitement ou à d’autres facteurs.

Quels facteurs associés ont pu être identifiés ?

  • L’analyse univariée suggérait que l’âge à l’instauration du traitement anti-TNF (p=0,001), la présence (p=0,012) et le nombre (p<0,001) de comorbidités, ainsi que le score HAQ-DI (p=0,002) étaient associés à un risque accru de cancer. 
  • En revanche, les modèles de régression par étapes ont montré que seul un antécédent de cancer constituait un facteur prédictif significatif de développement d’un nouveau cancer. 

Contexte de l’étude

La relation exacte entre anti-TNF et risque de cancer reste un sujet à débat. Selon les auteurs de cet article il semblerait que « l’action du TNF varie selon la concentration et la phase de la genèse tumorale, et que le traitement anti-TNF exerce des effets multiples sur les cancers de novo, les carcinomes in situ (CIS) et les cancers pré-existants. »

Données complémentaires

La population évaluée comprenait 3.321 patients atteints de spondyloarthrite (SpA) traités par anti-TNF (52,2% d’hommes, âge moyen 47 ans, durée médiane de la maladie 3 ans). Sur l’ensemble de la cohorte, 32% étaient sous INF, 32% sous ADA et 36% sous ETN. 

Sur les 50 patients qui ont développé une tumeur, 10 avaient déjà eu un cancer (hazard ratio (HR) 11,2 [4,4-28,4], p<0,001), et environ 80% de ces cancers étaient des tumeurs solides.

Principales limitations

De nombreuses données sont manquantes, ce qui peut avoir biaisé les résultats. 

Financements

Le registre GISEA est soutenu financièrement par les laboratoires Pfizer, MSD et AbbVie, qui n’ont cependant pas participé aux analyses présentées ici.