Que cache le sur-risque de rupture de l’anévrisme cérébral des femmes ?

  • Zuurbier CCM & al.
  • STROKE

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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A retenir

  • Une méta-analyse menée à partir des données individuelles confirme que les femmes ont un risque de rupture d’anévrisme intracrânien plus élevé que les hommes, tout en confirmant que le sexe n’est pas un facteur de risque indépendant. Les autres facteurs liés au patient ou à l’anévrisme ne pouvant expliquer cette disparité, les auteurs suggèrent que d’autres paramètres jusqu’à présent non identifiés interviendraient : ils posent l’hypothèse de facteurs hormonaux, reproductifs, génétiques ou environnementaux qu’il reste à identifier à travers de nouvelles études dédiées.

 

La décision de traitement chirurgical ou endovasculaire de l’anévrisme intracrânien dépend de la balance individuelle entre le risque de rupture et le risque de complications liées à la prise en charge envisagée. Des données individuelles poolées issues d’études randomisées ont permis de mettre au point le score PHASES (Population, Hypertension, Age, Size of Aneurysm, Earlier Subarachnoid Hemorrhage From Another Aneurysm, Site of Aneurysm) qui évalue le risque de rupture à 5 ans. Si ce risque apparaît statistiquement supérieur chez les femmes par rapport aux hommes, le sexe n’y apparaît pas comme facteur de risque indépendant parmi ceux propres au patient et à l’anévrisme que ce travail a permis d’identifier. Une autre méta-analyse d’ampleur a cherché à identifier tous les facteurs de risque de rupture liés au patient ou à l’anévrisme mais n’a pas permis d’évaluer le sexe comme paramètre indépendant, en l’absence des données individuelles. Aussi, des chercheurs ont conduit une méta-analyse en ayant cette fois accès à ces données afin de trancher le sujet.

Principaux résultats

Les auteurs ont identifié 9 études prospectives dont ils ont récupéré les données individuelles, soit 9.940 patients avec un total de 12.193 anévrismes intracérébraux. Parmi eux, on comptait 66% de femmes, qui étaient en moyenne plus âgées (61,9 vs 59,5 ans), moins souvent fumeuses (20% vs 44%), et avaient plus souvent des anévrismes de l'artère carotide interne (24% vs 17%) ou de plus ≥7 mm (24% contre 23%) par rapport aux hommes. Ils avaient été 36% chez les femmes et 37% chez les hommes à avoir bénéficié d’un traitement préventif, sans différence en termes de paramètres de l’anévrisme.

Avec 24.357 années-patients de suivi, les chercheurs ont identifié 234 patients ayant subi une rupture. Parmi les 226 patients chez qui la rupture concernait un anévrisme unique ou le plus grand en cas d’anévrisme multiple, 163 étaient des femmes : aussi, le taux de rupture était de 1,04% par personne-année [0,89-1,21] chez elles contre 0,74% chez les hommes [0,58-0,94].

Le rapport de risque entre femmes et hommes était de 1,43 [1,07-1,93] selon l’analyse non ajustée et de 1,39 [1,02-1,90] après ajustement sur le score PHASES, le tabagisme et les antécédents familiaux.