Quand un trouble psychiatrique en appelle un autre
- Plana-Ripoll O & al.
- JAMA Psychiatry
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
Les comorbidités psychiatriques sont largement répandues chez les personnes disposant déjà d’un premier diagnostic de maladie mentale. Ainsi, ces sujets ont un risque beaucoup plus élevé de développer un autre trouble psychiatrique quel qu’il soit et cette association est observée de façon bidirectionnelle. Le surrisque est plus important dans l’année qui suit le premier diagnostic, puis il diminue mais persiste durant au moins une quinzaine d’années. Il peut être particulièrement important pour certaines pathologies. Par exemple, le fait d’avoir eu des troubles de l’humeur augmente le risque de développer des troubles anxieux de 30% à 40% dans les 5 années à venir. Ces observations devraient permettre la mise en place d’interventions et d’éducation thérapeutique personnalisées chez les patients recevant un premier diagnostic de trouble psychiatrique de façon à prévenir la survenue d’autres troubles ultérieurs.
Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?
On sait de longue date que les patients souffrant d'un trouble psychiatrique ont un risque plus important de développer une autre pathologie mentale. Les études transversales ont tendance à sous-estimer la prévalence des pathologies psychiatriques sur toute la durée de vie. Et les études de registres nationaux plus fiables, ne se sont jusqu’ici intéressées qu’à certaines pathologies mentales. Une étude danoise parue dans JAMA Psychiatry dresse un tableau plus global du risque de survenue d’un trouble psychiatrique chez les sujets déjà traités pour une première pathologie mentale.
Méthodologie
Les registres de santé danois ont été analysés pour identifier la présence de troubles mentaux selon la classification de l’ICD-8/10 chez tous les sujets nés au Danemark entre janvier 1900 et décembre 2015. Toutes les associations possibles avec la survenue d’un autre trouble mental ultérieur ont été analysées (analyse des troubles psychiatriques par paire).
Résultats
- Près de 6 millions de personnes ont été incluses dans l’analyse et suivies sur une durée moyenne de 32 ans correspondant à 83,9 millions de personnes-années.
- Globalement, le fait d’avoir reçu un diagnostic de troubles psychiatriques a été associé à un risque au moins multiplié par deux d’avoir une autre pathologie psychiatrique par la suite quelle qu’elle soit, les hazard ratio variant de 2,0 [I95% : 1,7-2,4] à 48,6 [46,6-50,7]. Les associations sont apparues de façon bidirectionnelle pour toutes les paires de pathologies considérées.
- Ce risque était plus important dans l’année suivant la déclaration de la première pathologie. Par exemple, les sujets ayant reçu un diagnostic de troubles de l’humeur avaient un risque 80 fois plus élevé de développer un trouble névrotique dans les 6 mois, par rapport à ceux n’ayant pas reçu ce premier diagnostic. Le surrisque diminuait fortement ensuite, mais se maintenait durant au moins 15 ans. Ce même profil était observé pour toutes les autres paires de troubles psychiatriques considérées.
- Certaines pathologies ont pu être associées à un risque plus élevé de développer un autre trouble psychiatrique. Par exemple, une part importante des hommes (30,6% [IC95% : 29,3%-32,0%]) et des femmes (38,4% [IC95% : 37,5%-39,4%]), ayant reçu un diagnostic de troubles de l’humeur avant l’âge de 20 ans ont développé des troubles névrotiques au cours des 5 années suivantes.
Limitations
L’analyse était menée par paire de comorbidités, mais il est probable que le surrisque concerne plus de deux pathologies à la fois.
Seules les pathologies traitées en secteur spécialisé ont été analysées. Les pathologies non traitées et celles prise en charge en soins primaires n’étaient pas prises en compte, ce qui a probablement sélectionné les cas les plus sévères.
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