Quand les oméga-3 et les oméga-6 influencent les crises d’asthme pédiatrique
- Brigham EP & al.
- Am J Respir Crit Care Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
En réponse à un taux élevé de particules dans l’air intérieur, les enfants qui consomment le plus d’omega-3 présenteraient un asthme moins sévère et des symptômes moins fréquents que les autres, tandis que ceux qui consomment le plus d’omega-6 présenteraient plus souvent un asthme sévère et des symptômes fréquents. Par ailleurs, l’influence délétère de ces derniers était d’autant plus élevée que les oméga-3 étaient peu consommés, et l’influence bénéfique de ceux-ci d’autant plus prononcés que le niveau d’oméga-6 était élevé.
Ces données, issues de l’étude prospective américaine AsthmaDIET, suggèrent donc une capacité des deux familles d’acides gras polyinsaturés à moduler de façon contraire la susceptibilité pulmonaire en présence polluants particulaires. De nouveaux travaux pourraient aider à savoir si une intervention nutritionnelle améliorerait la symptomatologie et la prise en charge de ces enfants.
Pourquoi cette étude est-elle intéressante ?
Les enfants asthmatiques vivant en milieu urbain passent jusqu’à 70% de leur temps exposés à l’air intérieur, où le taux de particules est démontré comme étant associé à la morbidité liée à l’asthme. Il était donc intéressant de savoir si les acides gras essentiels, reconnus comme jouant un rôle probable sur la santé respiratoire, pourraient in²fluencer la survenue de ces symptômes.
Méthodologie
AsthmaDIET a suivi une cohorte de 149 enfants de 5-12 ans vivant en milieu urbain (Baltimore, USA) et étant asthmatiques depuis au moins 6 mois, sans allergie et ne prenant aucune supplémentation orale en anti-oxydants.
Durant 6 mois, les enfants ont été suivis trimestriellement, les concentrations de l’air intérieur en particules (PM2,5 et PM10) ainsi que la consommation en oméga-3 et en oméga-6 (questionnaire hebdomadaire QFFQ) ont été évaluées. Par ailleurs, les symptômes, plusieurs paramètres biologiques et de l’EFR ont été mesurés.
Principaux résultats
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La moyenne d’âge des 149 enfants était de 9,5 ans, 53% étaient des garçons et 50% étaient en surpoids ou obèses. L’apport médian d’oméga-3 et d’oméga-6 était de 0,32g et de 4,64 g respectivement.
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L’asthme était catégorisé comme léger, modéré ou sévère dans des proportions similaires (33% chacun). Au total, 66% et 47% rapportaient une utilisation de salbutamol ou de corticostéroïdes inhalés (CSI) dans les 15 jours précédents. Enfin, malgré une grande variabilité interindividuelle, la VEMS1 était de 93,5% par rapport à la valeur prédite et le rapport VEMS1/CVF de 0,83.
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Après ajustement, chaque gramme supplémentaire d’oméga-6 était associé à une probabilité accrue d’appartenir à une catégorie plus sévère d’asthme (OR 1,29, p=0,02) et d’avoir un VEMS/ CVF diminué (β -0,012, p=0,01), notamment via une influence sur le VEMS (β -1,41, p=0,12). Aucune association du même type n’a été identifiée concernant les oméga-3.
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Après ajustement complet portant notamment sur les taux d’oméga-3 et d’oméga-6, aucune association n’a été identifiée concernant l’influence entre l'exposition aux particules (PM2,5 ou PM10) et les symptômes diurnes, nocturnes ou le recours au sabutamol ou symptômes nocturnes. En revanche, chacune des familles d’acide gras jouait un rôle : ainsi, les symptômes diurnes était d’autant plus associés au taux en PM2,5 que le taux d’oméga-6 était élevé (OR 1,02 pour chaque g supplémentaire, p<0,01) ou, à l’inverse, prévenus lorsque le taux d’oméga-3 était faible (OR 0,96 pour chaque gramme supplémentaire, p<0,01). Les chiffres étaient de 1,02 (p=0,03) et de 0,97 (p=0,01) pour l’exposition aux PM10. Enfin, les effets délétères des oméga-6 étaient d’autant plus prononcés que le niveau d’oméga-3 associé était faible, tandis que les effets bénéfiques des oméga-3 étaient d’autant plus prononcés que le niveau d'oméga-6 était élevé.
Principales limitations
La composition de l’alimentation était issue de données déclarées.
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