Qu’est-ce qui encourage ou freine l’installation des jeunes médecins en libéral?
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Avant de répondre à la question « Comment inciter de jeunes médecins à s’installer dans des territoires sous-dotés ? », il est important de savoir quels sont les éléments qui les conduisent à choisir tel endroit plutôt que tel autre, si l’on part du principe que la coercition n’est pas la solution. C’est pourquoi l’enquête réalisée par la Commission jeunes médecins du CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins) est importante. Lancée en janvier 2019, avec plus de 15.300 professionnels qui y ont répondu (70% de médecins installés, 16% d’internes et 14% de remplaçants). Ses résultats étayent des constats faits par quelques travaux sociologiques depuis plusieurs années ou fortement supposés par le bilan pour le moins mitigé de mesures gouvernementales, telles que l’aide financière à l’installation.
En effet, si 59% des internes et 43% des remplaçants craignent un échec économique, ils sont néanmoins respectivement 48% et 47% à considérer ces aides comme « peu ou partiellement déterminantes ».
Second enseignement de l’enquête, allant à contre-courant d’affirmations fréquentes, 75% des internes envisagent de s’installer en libéral et seulement 19% en activité salariée pure. Dans les faits, en 2018 seuls 12% des nouveaux inscrits à l’Ordre exerçaient en libéral et 62% étaient salariés. Et seuls 35% des primo-inscrits en 2014 exerçaient en libéral cinq ans plus tard.
Comment expliquer ce décalage entre aspirations et réalité ? L’enquête propose quatre déterminants à l’installation. La qualité des services publics est un facteur essentiel de la décision de s’installer à tel endroit pour 62% des internes et 57% des remplaçants. À noter que pour les médecins déjà installés, comptent également les équipements culturels et sportifs et, dans une moindre mesure, la qualité des transports.
Ensuite, la proximité familiale est primordiale pour 61% des internes et 60% des remplaçants et ce d’autant que les intéressés ont des enfants, ce qui est fréquent. On notera que 86% des internes ayant un conjoint déclarent que celui-ci influence le projet d’installation.
En troisième lieu, les conditions d’exercice jouent un rôle majeur : 72% des internes envisagent un exercice en groupe, dans le cadre d’une activité mixte (cabinet de groupe ou maison de santé pluriprofessionnelle), et seulement 3% un exercice isolé. Le fait de disposer d’un réseau de professionnels de santé sur le territoire est déterminant pour 81% des internes et 87% des remplaçants.
Enfin, la recherche d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est primordiale pour les internes et les remplaçants : respectivement 82% et 87% déclarent que les horaires et le rythme de travail ont un impact sur la décision du lieu et le mode d’installation. Mais seuls 46% des médecins installés considèrent ce paramètre comme « tout-à-fait ou partiellement déterminant ».
Parmi les souhaits exprimés par les jeunes médecins, celui d’être accompagnés est important, que ce soit par un confrère ou une consœur (68%), les collectivités territoriales (53%), l’Ordre des médecins (48%) ou l’ARS (47%). Le CNOM propose en outre une « formation précoce au management de l’entreprise médicale » et la création « d’incubateurs de projets d’installation ».
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