Publication des données de phase 3 de l’abicipar dans la DMLA

  • Kunimoto D & al.
  • Ophthalmology

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • L’abicipar est une protéine expérimentale mimétique d’anticorps qui est développée dans la prise en charge de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) néovasculaire. À 52 semaines, l’abicipar administrée de façon trimestrielle permet d’obtenir un taux de patients présentant une acuité visuelle stable non inférieure à celui relevé sous ranibizumab (Ac anti-VEGF) administré mensuellement. Les questions de tolérance doivent cependant être prises en compte dans la décision thérapeutique.

L’abicipar est une DARPin (Designed ankyrin repeat protein) c’est-à-dire une protéine mimétique d’anticorps par répétition d’ankyrine, qui est développée comme une alternative aux anticorps monoclonaux actuellement autorisés dans la DMLA néovasculaire. Par rapport au ranibizumab, dont l’administration est classiquement mensuelle, l’abicipar est de plus petite taille moléculaire et présente une demi-vie plus longue in vivo. Étant donné la fréquence du suivi ophtalmologique liée aux traitements de la DMLA, des molécules dont l’administration est plus espacée pourraient alléger la prise en charge. Après des données de phase 2 concluantes, deux études de phases 3 ont été conduites, mettant en œuvre deux fréquences d’administration différentes de la molécule afin de vérifier si au moins l’un des deux offre une efficacité non inférieure à un traitement mensuel par ranibizumab. L’analyse des données poolées après 1 an de suivi ont été publiées dans Ophtalmology.

L’étude a inclus des patients de 50 ans ou plus présentant une DMLA néovasculaire associée à une évaluation de la meilleure acuité visuelle corrigée (MAVC) comprise entre 73 et 24 (échelle ETDRS). Ils ont été randomisés (1:1:1) entre un traitement par abicipar 2 mg toutes les 8 semaines (après 3 doses de charge à J0, S4 et S8), toutes 12 semaines (après 3 doses de charge à J0, S4 et S12) ou par ranibizumab 0,5 mg toutes les 4 semaines.

Au total, 1.888 patients ont été inclus dans l’étude (76,3 ans, 55,7% de femmes, prédominance de lésions de type occulte dans la moitié des cas) et 1.620 l’ont terminée, avec un taux plus élevé d’arrêt dans les groupes abicipar que dans le groupe ranibizumab, majoritairement pour des questions de tolérance (inflammation intraoculaire plus fréquente sous abicipar).

À 52 semaines, la proportion de patients ayant une vision stable (évolution MAVC<15 lettres) était de 93,2% et 91,3% dans les groupes abicipar Q8 et Q12 contre 95,8% dans le groupe ranibizumab, soit une différence de 2,5% [-5,3 à +0,2] et 4,5% [-7,5 à -1,6] respectivement, vérifiant la non-infériorité des deux posologies par rapport au ranibizumab (limite >8%). L’évolution relevée était respectivement de 7,5, 6,4 et 8,4 lettres pour chacun des trois bras respectivement 144, 145 et 144 mm concernant l’épaisseur centrale rétinienne.

En termes de tolérance, l'incidence globale des évènements indésirables était comparable entre les trois groupes (76,0%, 79,6% et 73,6% dans les groupes abicipar Q8, abicipar Q12 et ranibizumab), mais la survenue d'inflammation intraoculaire (principalement légère à modérée et répondant dans leur majorité aux corticoïdes topiques) était de 15,4 et 15,3% dans les deux groupes abicipar, contre 0,3% dans le groupe ranizumab.

Si l’abicipar semble une alternative intéressante pour espacer les administrations intravitréennes et le suivi ophtalmologique, il peut poser des questions de tolérance. L’évaluation de la balance bénéfice-risque du traitement doit rester au centre de la décision thérapeutique.