PSF 2023 - Incongruence de genre : comment bien accueillir ?
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Comment accueillir en consultation les personnes ayant une dissociation entre le genre assigné à la naissance et le genre ressenti, et notamment lorsqu’elles souhaitent initier une transition ? « La transition médicale, en réalité, n'a rien de compliqué, ce sont des traitements hormonaux donnés depuis longtemps » a reconnu le Dr Thelma Linet (Paris) au cours d’une communication dédiée lors du congrès Pari(s) Santé Femmes (25-27 janvier 2023). « Mais lors d’un accueil pour transition, la demande est rarement uniquement médicale, et elle ne l’est parfois pas du tout. La transition est surtout sociale, il faut un soutien important. C'est assez compliqué de vivre cela seul.e » C’est donc là que réside la difficulté de l’accueil et de l’accompagnement.
Les personnes qui appartiennent à des minorités sexuelles ou de genre ont le plus souvent un évitement des soins important parce qu’ils ont déjà vécu des expériences très désagréables, ou parce qu’ils ont peur de vivre celles qui leur ont été racontées dans la communauté. Les personnes transgenres veulent donc en premier lieu se sentir en confiance pour parler. S’ils sont parfois perçus comme déprimés ou anxieux, eux déclarent souvent que ce n’est pas du fait d’un problème avec leur identité, mais plutôt du fait du regard qui est posé sur eux.
Accueillir une personne différente de soi revient à se confronter à des représentations personnelles. « Nos interactions sont basées sur des stéréotypes cisgenres hétérosexuels ancrés depuis l'enfance. Dans notre façon de réfléchir et de poser des questions, il faut faire évoluer ces représentations et le vocabulaire qui va avec ». Une réflexion doit donc être conduite pour rendre un cabinet médical non pas militant, mais inclusif : de la même façon qu’améliorer l’accueil des personnes en situation de handicap dans les cabinets médicaux a pu bénéficier aux personnes âgées ou à celles ayant un enfant en poussette, l’amélioration des conditions d’accueil des personnes ayant une incongruence de genre peut être bénéfiques pour d’autres groupes.
Humilité culturelle
L’accueil se doit donc d’être bienveillant dès la prise de rendez-vous (impliquant une sensibilisation des équipes, ou une formation par le biais d’intervenants associatifs), la salle d’attente (un simple flyer ou affiche permet de faire comprendre que l’accueil des différences n’est pas un problème), les toilettes (non genrés) et l’appel du rendez-vous en salle d’attente (dire le prénom et le nom plutôt que « Monsieur » ou « Madame » ; à moins de dire « Monsieur ou Madame »).
« Une identité de genre, ou une sexualité, ne prévalent en aucun cas sur la personne en elle-même. Cela suppose d’être à l'écoute, avec bienveillance et empathie, comprendre ce qu’elle souhaite et voir comment l'accueillir » poursuit la gynécologue. Il est aussi important de comprendre les préférences personnelles sur le plan de la terminologie. « Et ne pas hésiter à clarifier avec humilité si on ne comprend pas ». Trop souvent, il y a erreur d’interprétation entre le genre et la sexualité. Il faut donc intégrer que parallèlement au sexe biologique (femme – intersexe – homme), coexiste la représentation de soi par rapport au genre (femme – gender fluid et queer – hommes, ou non binaire), ainsi que l’extériorisation de soi par rapport au genre (féminine – angrogyne – masculine, ou agenré).
Par ses mots, la personne précise le prénom et le pronom par lesquels elle souhaite être appelée, qui doivent être repris par le médecin. Celui-ci doit néanmoins savoir que l’acceptation de qui on est (coming in) par une personne transgenre peut évoluer avec le temps et l’expérience de transition, ce qui suggère que son prénom, son pronom ou ses objectifs peuvent changer.
En 2017, une enquête conduite auprès d’adolescents transgenres et non-binaires a permis d’établir leurs attentes : pour eux, les médecins doivent avoir conscience que les noms, pronoms et marqueurs de genre sont important pour eux et que le fait d’évoquer la question de leur identité et leur transition reste inconfortable pour eux. Ils doivent aussi savoir qu’il leur est aussi difficile de parler de leurs organes génitaux, quand ce n’est pas médicalement nécessaire, et que l’examen génital et des seins est vécu comme très inconfortable. Ils aimeraient que les médecins disent s’ils sont en accord avec eux et sont d’accord pour les suivre.
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