Protection ovarienne et de la fertilité en pratique en France

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir 

Parmi les effets délétères des traitements des cancers, certains concernent la fonction ovarienne et la fertilité. Selon une base de données françaises, il s’avère que : 

  • 13% des femmes jeunes, traitées pour cancer avaient bénéficié d’une préservation ovarienne et 23% d’une protection de la fertilité au cours de la dernière décennie.
  • L’âge inférieur à 40 ans et le diagnostic d’un cancer du sein étaient associés à un recours plus fréquent à la protection ovarienne.
  • Le fait de diagnostiquer un cancer du sein était le seul facteur influençant la préservation de la fertilité.

Pourquoi cette étude est intéressante ?

L’insuffisance ovarienne est un effet indésirable fréquent après un traitement anticancéreux. Les essais randomisés contrôlés, ainsi que les recommandations internationales ne permettent pas d’évaluer les pratiques de préservation de la fertilité en pratique réelle. Il s’agit de la première étude nationale sur des données issues de la pratique clinique portant sur l’utilisation de ces méthodes chez des femmes jeunes.

Méthodologie

Des données issues de femmes âgées de 15 à 49 ans ayant reçu un diagnostic de cancer entre 2005 et 1014 et extraites d’une base de données représentative française ont été utilisées pour les analyses. La protection ovarienne a été suivie à travers la consommation d’agonistes de la LH-RH (encore appelée GnRH pour gonadotropin-releasing hormone) et de l’usage de la transposition ovarienne (qui consiste à déplacer chirurgicalement les ovaires). La préservation de la fertilité a quant à elle, été évaluée à travers la consommation des agonistes de la LH-RH, le recours à la cryopréservation de tissu ovarien ou d’ovocytes.

Principaux résultats

Au total, 2.447 femmes ont été identifiées. L’âge moyen des candidates à la préservation ovarienne était de 40,1 ans, et celui des femmes candidates à la préservation de la fertilité de 32,6 ans. Parmi elles, 40,5% des premières et 43,2% des secondes étaient traitées pour cancer du sein . Parmi les 553 femmes ayant été exposées à un risque d’insuffisance ovarienne, 13% (n=74) avaient bénéficié d’une protection ovarienne (majoritairement par agonistes LH-RH (n=67) ou sinon par transposition ovarienne.)

Parmi les femmes exposées au risque d’altération de la fertilité (n=227), 23% (n=53) ont bénéficié d’une mesure préventive (majoritairement par agonistes GnRH (n=37) ou par cryoconservation de tissu ovarien ou d’ovocytes). 

Certaines femmes recevraient-elles plus souvent une protection ovarienne ou une préservation de la fertilité que d’autres ? 

  • Les femmes de moins de 40 ans bénéficiaient plus souvent d’une protection ovarienne (OR 1,56 [1,5-1,62], p=0,006).
  • Et les femmes recevant un diagnostic de cancer du sein bénéficiaient plus souvent d’une protection ovarienne (OR 1,15 [1,08-1,22], p<0,001), ou une préservation de la fertilité (OR 1,17 [1,1-1,24], p<0,001). Ce critère était ainsi le seul associé à la préservation de la fertilité.

Les analyses ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative en termes de probabilité de grossesse entre les femmes bénéficiant d’une préservation de fertilité et les autres (probabilité de grossesse à 5 ans, 3,8% vs 9,8%, p=0,26).

Principales limitations

Nombre limité de femmes incluses et aucune donnée concernant le type de chimiothérapie utilisé.