Protection du microbiote contre les effets d’une antibiothérapie : première étape réussie


  • Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Dans une étude de phase 1 conduite chez des volontaires sains, la co-administration de l’adsorbant DAV132 et de la moxifloxacine permet de maintenir 97,8% de la richesse en gènes bactériens de la flore caractérisés avant traitement, et de préserver 93% des espèces bactériennes qui étaient affectées par l’antibiotique. Parallèlement, par rapport aux sujets traités par antibiotique seul, l’association de DAV132 a réduit la concentration fécale de l’antibiotique libre de 99% tout en en maintenant les taux plasmatiques.
  • Cette étude apporte la preuve de concept qu’une formulation de charbon actif, développée pour être délivrée spécifiquement dans l’iléon terminal ou le côlon, permettrait de réduire la fréquence des dysbioses propices au développement de résistances ou d’infections à Clostridium difficile. Si son développement se poursuit jusqu’à son terme, ce traitement pourrait constituer le premier adjuvant préventif des dysbioses liées aux antibiothérapies.
  • Cet essai de phase 1 a été conduit en association à la moxifloxacine orale, une fluoroquinolone pouvant favoriser les infections ultérieures à Clostridium difficile, mais des essais ex vivo ont parallèlement montré la capacité de DAV132 à absorber efficacement 14 autres antibiotiques.

Principaux résultats

  • Au total, les 44 volontaires sains ont été randomisés entre un groupe traité par moxifloxacine seule, un groupe associant l’antibiotique au DAV132 (n=14 dans chacun), et deux derniers groupes recevant le DAV132 seul ou un placebo (n=8 dans chacun).
  • Chez les sujets sous moxifloxacine seule, le pic de concentration fécale en antibiotique était atteint à J6 avec une moyenne de 136,2 µg/g. Ce chiffre était réduit de 99% dans le groupe moxifloxacine-DAV132. Les concentrations plasmatiques de moxifloxacine étaient similaires dans ces deux groupes de traitement, entre J1 et J5.
  • À J6, la richesse du microbiote des sujets sous antibiothérapie était réduite de 54,6% par rapport à l’inclusion. À la fin du suivi (J37), les patients n’avaient pas tous retrouvé la richesse initiale de leur microbiome. Chez les sujets sous moxifloxacine et DAV132, 97,8% des gènes bactériens identifiés à l’inclusion étaient conservés, un chiffre proche de l’observation faite chez les sujets contrôles.
  • Un tiers des 252 espèces métagénomiques identifiées à l’inclusion étaient affectées par le traitement antibiotique. En cas de traitement moxifloxacine-DAV132, 81% des espèces affectées étaient totalement épargnées et 12 autres pour cent l’étaient partiellement.
  • Un effet secondaire (mycose vulvovaginale) probablement lié au DAV132 a été diagnostiqué chez un sujet.

Méthodologie

  • L’essai randomisé et contrôlé a été conduit à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris) en 2014. Les patients étaient traités par moxifloxacine orale 400 mg/j ou ne recevaient pas d’antibiotiques de J1 à J5 et recevaient le DAV132 ou un placebo administrés 3 fois/j de J1 à J7.
  • Le DAV132 se présente sous forme de granulés répartis dans une suspension destinée à être absorbée oralement, comportant 5,11 grammes de charbon actif formulé pour une délivrance tardive.

Limitations

Cette étude de phase I ne préjuge pas directement de l’efficacité du traitement en prévention de l’infection à C. difficile . La question des interactions médicamenteuses liées aux co-médications devra être approfondie.

Financement

L’étude a été financée par des fonds privés (Da Volterra) et des fonds européens.