Prostate et microbiote génito-urinaire
- Bajic P & al.
- Curr Urol Rep
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
La mise en évidence d’un microbiote génito-urinaire chez la femme, impliqué dans les troubles urinaires spécifiques, a conduit les chercheurs à s’intéresser à l’homme. Une revue, parue dans Current Urology Reports propose une synthèse de l’état des connaissances sur le sujet dans les principales pathologies prostatiques.
Microbiote et hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)
Si l’inflammation de la prostate joue un rôle dans la pathogenèse et la progression de l’HBP, l’étiologie de cette inflammation n’est pas bien comprise. Or, il a été récemment suggéré que certaines bactéries ‘pro-inflammatoires’ pourraient être impliquées. Certaines, retrouvées dans les études consacrées à l’HBP sont les mêmes que celles retrouvées dans l’étiologie des urgences mictionnelles de la femme.
Des études de séquençage de la sous-unité 16s de l’ARNr et d’EQUC (Expanded Quantitative Urine Culture) ont permis d’identifier et caractériser la présence d’un microbiote urinaire distinct au niveau distal et proximal de l’urètre, ainsi qu’une association entre sa composition qualitative et quantitative et la présence et la sévérité des symptômes d’HBP.
La composition du microbiote présent dans les sécrétions prostatiques et le liquide séminal serait aussi distincte chez les sujets HBP et la dysbiose observée au niveau des fluides prostatiques (ex : raréfaction des Bacteroidetes, Firmicutes…) favoriserait aussi bien l’HBP que le cancer de la prostate.
Cancer de la prostate
Comme pour l’HBP, les études laissent penser que certaines espèces bactériennes pourraient être impliquées dans l’inflammation qui favorise le développement et/ou la progression du cancer de la prostate. Cependant, pour la plupart, leur mise en évidence était obtenue à partir de prélèvements prostatiques ‘indirects’ (urines, sécrétions prostatiques, liquide séminal). Des analyses sont donc utiles à partir d’échantillons ‘directs’, sans risque de contamination liée aux milieux traversés. Les premières études conduites ainsi mettent en évidence que le microbiote prostatique est spécifique des personnes présentant un cancer de la prostate, par rapport aux autres, avec la présence de certains genres bactériens (fréquence élevée de Streptococcus anginosus, Anaerococus lactolyticus ou A. obesiensis...). Par ailleurs, il existerait une certaine hétérogénéité au sein de la glande, selon que les aires sont ou non tumorales. Cependant, une des limitations à ces résultats est la contamination des échantillons prostatiques par des bactéries d’origine rectale lors de la biopsie.
Prostatite chronique/syndrome douloureux pelvien chronique
La physiopathologie de la maladie est complexe et relève probablement de composantes à la fois infectieuses, inflammatoires, psychologiques et neuromusculaires. En conséquence, le rôle du microbiote dans ce contexte est particulièrement complexe à identifier. Certaines études ont conclu à des spécificités de genres bactériens chez les sujets malades par rapport aux autres, mais beaucoup sont entachées de limites méthodologiques. D’autres suggèrent une plus grande représentation des Clostridia ou des Bacteroidia par rapport aux sujets contrôles, ou encore une moindre présence des Lactobacillus : dans le contexte clinique, cette dernière observation rejoindrait celle de son rôle protecteur dans la flore vaginale.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé