Prophylaxie post-exposition VIH en vie réelle: un bilan positif, et quelques interrogations

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
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  • En vie réelle, la prophylaxie post-exposition par ténofovir-emtricitabine-rilpivirine est bien tolérée et n’a abouti à aucune séroconversion.

  • Certaines populations échapperaient à ce dispositif de prévention.

  • La prophylaxie post-exposition n’est pas toujours suivie d’un test VIH.

À retenir

Le protocole de prophylaxie post-exposition (PPE) - ténofovir, emtricitabine, rilpivirine (TFD/FTC/RPV) en association fixe une fois par jour durant 28 jours – est bien toléré et conduit à peu d’arrêts thérapeutiques. À l’issue de ce suivi, mené chez 162 personnes (163 traitements), aucune séroconversion VIH n’a été observée à 16 semaines.

Ce résultat, issu de l’analyse conjointe de cinq centres de prise en charge du VIH, offre un bilan positif du protocole recommandé en France depuis 2016. Il est intéressant dans le sens où le traitement de PPE préconisé tend à être différent d’un pays à l’autre et que l’efficacité du PPE est majoritairement admise par extrapolation des données de prévention de transmission materno-foetale ou périnatale. En réalité, aucune étude ne s’est réellement penchée de façon prospective sur le suivi du PPE chez des sujets ayant été exposés à un risque de contamination professionnelle ou non, hormis une étude australienne menée auprès d’une cohorte d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Un faible taux d’interruption

Dans cette étude, menée entre mars 2016 et mars 2017, 163 protocoles de PPE ont été menés chez 162 personnes, dont 150 après une exposition sexuelle (56% de HSH). Parmi eux, 7 ont stoppé le traitement par choix, inobservance ou intolérance (n=4, 2,8%), et 5 autres ont arrêté le traitement car la personne source du risque était finalement séronégative pour le VIH (15 perdus de vue). Chez les autres patients, 69,9% ont présenté au moins un évènement indésirable, qui était pour la plupart légers. Le suivi à 16 semaines, disponible pour 99 personnes (44 perdus de vue) n’a mis en évidence aucune séroconversion VIH.

Des questions en suspens

Si l’analyse des données en vie réelle permet de confirmer l’intérêt du protocole de PPE préconisé par les recommandations, elle soulève également plusieurs questions : une partie significative des sujets ayant été traités par PPE n’ont pas réalisé de test VIH ultérieurement, ce qui pourrait relever de facteurs sociaux ou psychologiques qu’il reste à déterminer. Par ailleurs, la population des HSH était correctement représentée dans cette étude tout venant, à l’inverse des sujets migrants qui étaient, eux, peu représentés (15,4 %) malgré leur forte probabilité à contracter le virus. L’information et la sensibilisation de cette population aux risque d’infection, à l’existence de la prophylaxie ou à son accessibilité pourraient être renforcées afin d’améliorer ce constat.