Pronostic vital du cancer du sein métastatique canalaire et lobulaire

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Les données de plus de 16.000 patients atteints de cancer du sein métastatique ont été analysées pour montrer que :

  • dans 86% des cas, l’invasion était canalaire et dans 14% des cas lobulaire;
  • les premiers avaient un meilleur pronostic que les seconds, et ce indépendamment du statut aux récepteurs hormonaux.

Ces résultats montrent que l’histologie lobulaire est un facteur pronostic indépendant, amenant à considérer le cancer du sein métastatique avec invasion lobulaire comme une entité à part entière. De nouvelles recherches prospectives sont maintenant nécessaires pour améliorer sa prise en charge.

Pourquoi est-ce important ?

Les cancers du sein avec atteinte lobulaire ont généralement des caractéristiques associées à un meilleur pronostic que les atteintes canalaires (expression de récepteurs aux œstrogènes et/ou progestérone et pas d’amplification HER2). Ils surviennent par ailleurs plus souvent chez des femmes plus âgées, ont tendance à être de grande taille, bilatéraux, et plutôt multifocaux. Ils sont aussi plus difficiles à diagnostiquer et les sites métastatiques sont multiples (péritoine, organes génitaux internes, …). 

Méthodologie

Les données de la cohorte multicentrique nationale ESME (Epidemiological Strategy and Medico Economics) ont été utilisées pour comparer la survie globale des patients ayant un cancer du sein avec invasion lobulaire ou canalaire. Ces analyses ont été ajustées aux principaux facteurs pronostics par analyse multivariée et score de propension.

Principaux résultats

Au total 16.703 patients ont été identifiés avec cancer du sein métastatique et 13.111 avaient toutes les données nécessaires pour être inclus dans les analyses. Sur l’ensemble de la cohorte, 86,2% ont développé un cancer du sein canalaire et 13,8% une forme lobulaire. Les cancers lobulaires étaient moins souvent triple négatifs et HER2+ que les cancers canalaires (respectivement 7,4% versus 19,8% et 8,2% versus20,3%). Un pourcentage plus important de patients atteints de cancer canalaire avait 3 sites métastatiques ou plus (25,2% versus 16,9%). Les patients avec atteinte lobulaire étaient globalement plus âgés que les autres au moment du diagnostic du stade métastatique (65 versus 59 ans), en revanche, le taux de cancer du sein métastatique de novo était similaire. L’intervalle de temps sans métastase était plus important pour les sujets avec atteinte lobulaire que canalaire (3,7 versus 2,5 ans). Sans ajustement, la survie médiane était similaire chez les sujets atteints de cancer du sein lobulaire et canalaire (38,6 versus 37,3 mois, p=0,79).  

En analyse multivariée, la survie globale était moins bonne chez les sujets avec atteinte lobulaire (hazard ratio 1,31 [1,20-1,42], p<0,0001) et ce indépendamment du statut hormonal. Par rapport aux sujets ayant une atteinte canalaire, les patients avec atteinte lobulaire avaient une survie globale meilleure lorsque la tumeur était triple négative (HR 0,79 [0,64-0,98], p=0,0302), semblable en cas de cancer HER2 positif (HR 0,88 [0,67-1,15], p=0,3455), et pire en cas de cancer positif aux récepteurs hormonaux/HER2 négatif (HR 1,17 [1,08-1,27], p=0,0001).