Produits terminaux de la glycation, alors… incriminés ou non dans le cancer colorectal ?

  • Aglago EK & al.
  • Nutrients

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

Des chercheurs ont utilisé la cohorte prospective EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) pour évaluer l’association entre produits terminaux de la glycation (AGE pour advanced glycation end-products) apportés via l’alimentation et le risque de développer un cancer du côlon. De nombreuses études antérieures laissaient supposer que les produits terminaux de la glycation augmentaient le risque de cancer du côlon via la stimulation de l’inflammation, un dysfonctionnement métabolique et le stress oxydatif. Les conclusions de l’étude présentée ici ne supportent pas ce constat. Les auteurs évoquent que bien que les trois principaux AGE aient été évalués, d’autres moins abondants induisent une réponse inflammatoire plus forte que ces derniers. Ils suggèrent donc que les futures études intégrent également ces autres AGE pour évaluer plus globalement cette association.
C’est quoi les produits terminaux de la glycation ?

Il s’agit d’un large groupe de molécules produits à partir de la combinaison non enzymatique et irréversible entre des sucres, des proteines, des lipides et des acides nucléiques. Ces substances sont soit fabriquées directement par notre organisme, soit apportées par l’alimentation. L’alimentation occidentale est une source importante d’AGE. Ces derniers sont connus pour leurs propriétés pro-inflammatoires et pro-oxydantes au niveau du côlon, favorisant les maladies inflammatoires des intestins. 

Méthodologie

L’apport alimentaire des trois principaux produits terminaux de la glycation a été évalué : le N-carboxy-méthyllysine (CML), le N-carboxyethyllysine (CEL), et le N(5)hydro-5-methyl-4-imidazolone-2-yl)-ornithine (MG-H1). Les participants inclus sont ceux de l’étude EPIC – plus d’un demi-million de participants recrutés à partir de 10 pays européens. Les aliments consommés par les participants ont été appariés à ceux d’une base de données alimentaires indiquant la proportion en AGE de 190 aliments.

Principaux résultats

Au total, 450.111 participants (71% de femmes) ont été suivis sur une durée médiane de 13 années. Sur l’ensemble de la cohorte, 6.162 cas de cancer du côlon ont été identifiés.

Après ajustements, une relation inverse a été mise en évidence entre les plus forts apports en produits terminaux de la glycation (versus les plus faibles apports) et le risque de cancer colorectal pour deux des produits terminaux étudiés (valeur à la limite de la significativité) et non significatif pour le dernier. Aucune différence n’a été mise en évidence en fonction du sexe ou de la localisation de la tumeur. Ces conclusions ne supportent pas l’hypothèse initiale des chercheurs, et nécessitent de nouvelles études, notamment pour différencier les rôles des AGEs et de leurs précurseurs sur le développement du cancer colorectal, en fonction de leur origine.